Benedetto Bufalino
Dossier mis à jour — 13/10/2020

Le Labyrinthe

Le Labyrinthe
Feuille de salle de l'exposition à la Maison Salvan, 2015

« Cette bière n'est pas une bière, mais ceci est compensé par le fait que ce cigare non plus n'est pas un cigare. Si cette bière n'était pas une bière et que ce cigare soit vraiment un cigare, alors il y aurait un problème » (Brecht)

 

Benedetto Bufalino est un observateur de la vie telle qu'elle s'organise collectivement. Il porte un regard amusé sur les réflexes normatifs, réglementaires. La fantaisie et le détournement sémantique ou visuel deviennent la sève de projets qui vont principalement se manifester dans l'espace public en invitant le passant, à son tour, à être l'observateur.


La proposition d'intervention faite à Benedetto Bufalino par la Maison Salvan contient en elle-même un décalage tant elle rompt avec les principes de l'artiste et ses terrains d'intervention privilégiés. Ici, il s'agit pour lui d'œuvrer au cœur du territoire de l'art, dans un lieu où il s'expose à heure fixe et selon des codes « disciplinaires ».


Il propose en conséquence d'interroger la nature même des lieux d'art — ces structures qui s'instituent et se légitiment pour montrer la création contemporaine. Sa proposition est totale, elle est le fruit d'une forte implication physique comme c'est souvent le cas avec lui. Du point de vue du visiteur, elle déplace radicalement l'appréhension du lieu, la façon d'y circuler, de s'y comporter. Le Labyrinthe clôt une saison marquée par la volonté de proposer à des artistes d'appréhender l'espace d'exposition dans sa globalité, dans ce qu'il est : des usages accumulés. Au travers du motif iconique du centre d'art, la cimaise, le mur blanc immaculé, la proposition de Benedetto Bufalino conduit le regard vers ce qui fonde le particularisme assumé de la Maison Salvan... Les murs se détachent de l'enceinte. Ils se répandent dans l'espace. Pour se repérer, le public se renseigne auprès de la mosaïque de matière qui compose les sols, auprès des formes architecturales des hauteurs du lieu.


Mais il y a aussi bien entendu beaucoup d'humour dans le travail de Benedetto. Il joue sur la surprise. Il est attentif au rapport que chacun nouera avec la proposition. On peut la prendre en toute simplicité et jouir du plaisir « d'être là », de se perdre, de passer un moment joyeux... Et la venue au centre d'art ne fut finalement pas un drame...


Avec Benedetto lorsque l'on entre à la Maison Salvan, on en cherche la sortie...


 

LUI


Tu n'as rien vu à la Maison Salvan. Rien.


ELLE


J'ai tout vu. Tout *

 

 

* Détournement de l'ouverture d'Hiroshima mon amour de Marguerite Duras.

© Adagp, Paris