Textes
Présentation
Par Christelle Franc, 2014
Présentation
Par Christelle Franc, 2014
Christelle Franc : le poème à dessein
Par Jean-Christophe Royoux
Pour l'exposition Je mehr Ich zeichne - Zeichnung als Weltentwurf, Museum für Gegenwartskunst, Siegen, 2010
Christelle Franc : le poème à dessein
Par Jean-Christophe Royoux
Pour l'exposition Je mehr Ich zeichne - Zeichnung als Weltentwurf, Museum für Gegenwartskunst, Siegen, 2010
De longs panneaux de bois sont recouverts de feuilles de papiers translucides qui se superposent couche sous couche, ton sur ton, les unes aux autres. Dessinées et incisées de petites fenêtres, elles ressemblent un peu à des calendriers de l'avent d'où émergent des noms, des verbes, des adjectifs écrits à la main, quand d'autres mots s'effacent dans la chair opacifiée du papier comme on se retire sur la pointe des pieds, pour ne laisser transparaître qu'une série d'échos assourdis dont la lecture reste cependant plus ou moins possible. Strates, stratifications, sélectionnent, trient et laissent finalement remonter à la surface des mots et des lignes visiblement choisis pour dessiner ensemble un premier plan de références.
Dans la généalogie de chaque nouvelle série de panneaux, la composition d'un livre sert toujours de matrice. Sur de grandes pages blanches sont parcimonieusement rassemblés images, fragments textuels (citations), mots énumérés en listes. Pour être plus juste, il faudrait dire qu'au commencement se lit et se délie par associations d'idées, un motif, lui-même résultat de la survivance d'une image. Au commencement, il y a donc eu comme une impression de la mémoire par un détail dont l'effet d'empreinte est comparable à un sceau trempé dans de la cire.
Dans le glissement du livre au panneau, c'est le rôle du dessin d'en isoler le décalque. Décalquer, c'est laisser filer la présence de l'image vers son fantôme, c'est la déshabiller, pour sélectionner en elle un détail qui fait signe. Chaque élément préservé, dessin ou mot, fait signe. Il s'insert dans un réseau d'analogies, un écheveau de liaisons qui annule la différence entre l'image et le texte. Ressaisir comme écriture cette théorie de l'image d'avant la différence des mots et des choses, tel est l'un des premiers effets du travail de Christelle Franc. L'image appelle le mot qui appelle un autre mot qui appelle une autre image : cet enchevêtrement d'échos tisse un réseau de sens toujours plus lâche que la phrase. « C'est un tout » comme y insiste à plusieurs reprises Christelle Franc, une constellation. Cinéma immobile, spatialisé comme le poème du dernier Mallarmé.
Ici les mots et les sceaux désignent mais débordent aussi largement la chose dont ils sont censé parler et que la présence d'un titre souligne - La Création, Les cinq sens, Les quatre saisons, Les batailles. Un poème ? Sans doute si l'espace du poème est l'espace ouvert des correspondances, du télescopage du subjectif et de l'objectif, s'il est tout à la fois la présentation de la matière première du sens en ses éléments disjoints et la circulation sans entrave des éléments conjoints par rencontres, échos, allusions, évocations. Si c'est à la fois le dépôt ou l'entrepôt des « représentants » (de ces matières subtiles et singulières par lesquelles le sens advient aux choses - textes, images, mots) et l'espace contrôlé de leur déchaînement.
L'espace du poème se confond ainsi avec l'espace de la pensée. Ses effets de traçage et de persistance du signe sont tout d'abord la métaphore du carré magique de la mémoire qui efface tout en retenant. Contrairement aux arts de la mémoire cependant, ce qui se retient ici ne construit jamais un sens commun, seulement un sens sensible éminemment contingent. Au regard de ces panneaux ou de ces planches si précisément construites, la seule chose que je sais est que je ne sais rien. Si dispositif d'apprentissage il y a, cela s'entend au sens des « exercices spirituels », comme une ascèse individuelle de l'attention au divers, à ce que l'on sent et ressent, à ce que l'on est et devient.
Texte d'Eva Schmidt
In Je mehr Ich zeichne - Zeichnung als Weltentwurf, Museum für Gegenwartskunst, Siegen, 2010 (extrait ENG)
Texte d'Eva Schmidt
In Je mehr Ich zeichne - Zeichnung als Weltentwurf, Museum für Gegenwartskunst, Siegen, 2010 (extrait ENG)
Une visibilité tactile, une justesse accrue
Par Jean-Christophe Bailly
Catalogue monographique, Éditions Adera, 2009
Une visibilité tactile, une justesse accrue
Par Jean-Christophe Bailly
Catalogue monographique, Éditions Adera, 2009
Dialogue
Entretien avec François Pierre-Jean et Philippe Roux
In De(s)générations n°03, Le mythe nécessaire ?, Éditions Jean-Pierre Huguet, 2007
Dialogue
Entretien avec François Pierre-Jean et Philippe Roux
In De(s)générations n°03, Le mythe nécessaire ?, Éditions Jean-Pierre Huguet, 2007