Une aventure du docteur Williams, inventeur de la pilule Pink pour personnes pâles, et en épilogue : « Estouffade, sauce aux truffes »
Une aventure du docteur Williams, inventeur de la pilule Pink pour personnes pâles, et en épilogue : « Estouffade, sauce aux truffes », 2008
Série de 17 images scannées d'après plans film 4x5 inches, tirages jet d'encre sur papier Hahnemuhle, contrecollage dibond
Dimensions cadres : 150 x 110 cm ; 70 x 84 cm ; 84 x 84 cm ; 131 x 110 cm
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Du milieu XIXe au début du XXe siècle, la photographie attestait de la "véracité" des pratiques médiumniques dans le secret des cabines spirites.
Derrière le rideau placé dans un coin de la pièce de la Cabine, les forces spirituelles étaient déchaînées. Il n'était pas rare d'assister à l'apparition d'ectoplasmes, provenant directement du corps du médium, pendant que des instruments de musiques jouaient en lévitation.
Le docteur Williams, inventeur de la pilule Pink pour personnes pâles, notable Anglais de Ribérac (ancienne Aquitaine), cachait bien des mystères. Outre sa fille Gloria qu'il utilisait comme chien de chasse, lors de ses sorties dans La Forêt-de-la-Double (aux alentours de Ribérac), ce bon docteur retenait prisonnières et dans le plus grand secret, trois créatures souffrant de maux bien étranges.
Les trois veuves de la Société de Haute coiffure ribéracoise, quant à elles, se glorifiaient d'avoir choisi le docteur Williams et sa cabine spirite pour assouvir leur besoin de surnaturel. Gloria n'aura su les émouvoir, lorsqu'elles comprirent que la Cabine spirite du docteur Williams n'était qu'imposture.
Tout cela était de bien mauvais augure pour le destin du docteur Williams...
Mais rien n'est meilleur qu'un bon gueuleton, aromatisé à la sauce aux truffes, préparé par les sœurs Culottes, pour enterrer les mauvais esprits...
En 2008, dans le cadre d'une résidence "l'Art en Dordogne", j'ai été accueillie par le centre Culturel de Ribérac. Mes diverses rencontres, recherches et histoires récoltées sur place ont été le canevas de cette aventure : la forte présence d'anglais en Dordogne, un terreau propice à la sorcellerie (La Forêt-de-la-Double)...
Le noir et blanc et le travail à la chambre se sont imposés pour ancrer mon histoire dans cette époque des cabines spirites.
La lecture de la Famille Fenouillard de Christophe, les dessins d'Edward Gorey, Meurtres à la table de billard - Une enquête de l'inspecteur Trubcock de Glen Baxter m'ont guidée pour trouver le ton et le décalage nécessaire entre le texte et l'image.
Delphine Balley
Le Docteur Williams
Le docteur Williams et les ombrelles volantes ou l'invisible quotidien.
Collection Institut d'art contemporain, Villeurbanne / Rhône-Alpes
Pourtant récompensée de cette partie de chasse par son petit papa chéri, Gloria était envahie d'émotions troubles et discordantes.
Gloria, fourbue d'avoir fouillé les sous-bois pour effrayer les oiseaux, encore humide de son plongeon dans l'étang pour repêcher les canards tirés par son tendre papa, puisa dans ses dernières ressources et prit la pose.
Madeleine
Madeleine ne pouvait chasser de sa mémoire ce jour où son fils mort, cousu dans un tigre en peluche, assista à son mariage.
Yvonne avait toujours peur d'être victime d'un fou-rire puis de s'écrouler.
Rose-Annette vivait dans l'ombre de cette boule de cheveux et de dents qui poussait dans sa tête.
La cabine spirite
Les trois veuves (Coustillas, Veyssière, Dubreuih), fondatrices de la Société de haute coiffure ribéracoise, ressentirent à ce moment précis un mélange de craintes et de crampes.
Collection Institut d'art contemporain, Villeurbanne / Rhône-Alpes
Les trois veuves (Coustillas, Veyssière, Dubreuih) se félicitèrent : la cabine spirite du docteur Williams était bel et bien l'excellence en pays ribéracois.
Les sœurs Culottes
La Forêt de la Double recèle des mystères et laisse parfois s'échapper des parfums, dont seules les sœurs Culottes détiennent la façon. Elles se coudraient la bouche plutôt que de parler cuisine.
Tandis que Rose-Annette jouait une valse légère, Madeleine se sentait déjà orpheline, Yvonne, quant à elle, craignait plus que jamais un fou-rire.
Docteur Williams n'était plus. Leur chagrin était aussi considérable que leurs habitudes inaliénables : Yvonne se maintenait dans la contenance, Madeleine cumulait les deuils, tandis que Rose-Annette adoptait une posture inconfortable.
Ce jour-là, la Société de haute coiffure ribéracoise comprit qu'elle était le dindon d'une farce, où la duperie n'avait d'égal que le talent d'illusionniste du controversé docteur Williams.
Alors que la colère montait chez ses deux amies fraîchement dupées, l'amertume de la veuve Veyssière se transforma en un imposant ectoplasme.
Les sœurs Culottes ayant appris la funeste nouvelle regagnèrent leur cuisine chargées du défunt et, le cœur léger, se mirent au découpage de ce bon docteur Williams.
Le jour où Gloria vit son destin scellé entre des mains inconnues et mercantiles.
L'Estouffade sauce aux truffes
Les pilules Pink pour personnes pâles de feu docteur Williams eurent un effet miraculeux sur l'assemblée ; l'« estouffade sauce aux truffes » frôlait la perfection. Gloria, plus lointaine, se sentit à cet instant-là prête à affronter sa nouvelle destinée.
Collection Institut d'art contemporain, Villeurbanne / Rhône-Alpes
Notre-Dame-de-la-Pitié, madone de la fertilité.
(Trois sous l'aiguille, s'adresser aux soeurs Culottes.)
Série réalisée dans le cadre des "Résidences de l'Art en Dordogne", Ville de Ribérac, 2008
Avec le soutien de L'agence culturelle départementale Dordogne-Périgord, bénéficiant du partenariat du Ministère de la Culture - DRAC Aquitaine, du Conseil général de Dordogne, du Conseil régional d'Aquitaine et d'une coordination du pôle visuel de l'Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord et de l'encadreur Autour de l'Image, Lyon.
Remerciements :
Résidences de l'Art en Dordogne, Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord, Centre culturel de Ribérac, aux comédiens : Karine, Lisa, Florence, Anne-Marie, Maude, Johnathan, Hélène, Catherine, Cécile, Véronique et Anthony, ainsi qu'à Frédéric Pradeau, Francis Gervaise, Jérome Wargnier, Sandrine Chudet, Cécile Millet, Anne-Marie Ma...., Hôtel du Mas de Montet, Musée André Voulgre, Brigitte Vidal-Durand, Dominique Beaune pour les traductions et à toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin à l'élaboration de ce projet.