Les dormantes
Les dormantes, 2015
Exposition, Maison de Victor Hugo, Paris
Commissariat de Christine Blanchet
20 caissons lumineux, 1 livret d'exposition
Est dormant ce qui est en sommeil ou métaphoriquement dont les apparences tranquilles ne reflètent pas l'attitude profonde. Ce sont des choses qui sont de nature à se mouvoir et qui, cependant, restent arrêtées ou fixées en quelques endroits. En architecture, ce sont des fenêtres qui ne s'ouvrent pas ; dans le paysage, des eaux qui ne coulent pas ; en botanique, des végétaux en état de veille. Dans la maison de Victor Hugo, ce sont des images fixées, posées au bas des murs. Les cadres sont isolés du sol par des cales en bois et appuyés à la paroi, comme en attente d'être accrochés ou déjà décrochés. De formats moyens, ce sont des images planes encadrées, le plus souvent lumineuses. Ces images commencent à ponctuer l'espace, à construire un récit dès le palier de la cage d'escaliers, puis elles se déploient au fil de l'appartement. Cette maison où vécut historiquement Victor Hugo est un espace reconstitué : les meubles, tentures, tableaux, en surnombre, proviennent d'autres lieux, d'autres moments, d'autres histoires. Ils ont été rapportés et accumulés ici pour constituer à nouveau un cadre où pourrait avoir vécu Hugo. Le tout devrait ressembler à l'appartement de l'écrivain. Dans ce conditionnel, les images suivent le même mode opératoire, elles sont issues de lieux, de milieux, d'architectures, de scènes reconstituées au cours du XIXe siècle. Victor Hugo aurait pu les croiser. Parfois, des détails de l'appartement apparaissent. Comme pour former à nouveau, à l'aide d'éléments épars, ce qui existe déjà, les images tentent de re-tisser un intermède entre réalité et document. Leur caractère "dormant" pointe des écarts sur la reconstitution d'une réalité, en convoquant des preuves déjà reconstituées. Une relation multiple s'opère avec le contexte, l'expérience du lieu et une vision romantique qui l'anime, comme une confusion, un soubassement subjectif ouvert à l'interprétation du visiteur. Par ailleurs, pour continuer ce travail sur les codes de la représentation, une vidéo s'infiltre sur le site web du musée, récit contemplatif d'une jeune femme toujours de dos, avec en fond de paysage des ruines de châteaux féodaux dans la lumière du soir. Ces scènes fixes évoquent une certaine peinture romantique et convoquent le motif crépusculaire de Léopoldine.
Vue de l'exposition Les dormantes, Maison de Victor Hugo, Paris, 2015
Vue de l'exposition Les dormantes, Maison de Victor Hugo, Paris, 2015
Vue de l'exposition Les dormantes, Maison de Victor Hugo, Paris, 2015
Livret, 48 pages, 15 x 10 cm, 1000 exemplaires