Ni studium ni punctum
Ni studium ni punctum
Par Cédric Avenier
Publié dans Ouvert, un chemin du visible, Pays d'art et d'histoire des trois Vals, 2010
La pensée de l'art est une chose sujette à erreur, car délicate et incertaine ; du moins inexacte puisqu'elle interroge la sensibilité de l'âme et, pour le commun, une fois expliquée, éclaircie, traduite, elle reconduit l'œuvre à quelque chose d'autre.
La pensée de l'art trompe l'art en tant que production sensible. Néanmoins, c'est un chemin inévitable, qui ne conduit pas au salut, mais psychopompe, nous y guide.
Pareil est l'œuvre d'Eric Hurtado, interrogeant le sensible, tout entier sujet aux erreurs d'interprétation, mais psychopompe, nous guidant vers le spirituel.
Voici des photographies qui n'offrent pas d'effets de lumières, de couleurs, de compositions, de cadrages premiers, parfois même pas de sujet, pas de détail évident.
Des photographies ?
Un geste choisi, de décence et d'équilibre, refusant la démesure qui engendre l'orgueil.
Une interrogation des limites du médium pour n'en tirer que le sens propre de la nuance.
Un œil qui, se retournant, « cherche au fond de la pensée » plutôt que de regarder autour de lui, laissant alors apercevoir ce qui n'a jamais été vu et qui, vrai –car la nature n'apprécie que la vérité – ne craint pas d'être traité de « non-contemporain».