Textes
Guillaumon et la photographie, Une relation ambivalente
Par Anne Giffon-Selle, 2023
Guillaumon et la photographie, Une relation ambivalente
Par Anne Giffon-Selle, 2023
Jean-Claude Guillaumon, au-delà du cadre
Par Sylvie Lagnier
Catalogue de l’exposition GUILLAUMON, l’artiste, Centre d’arts plastiques de Saint-Fons, 2007
Jean-Claude Guillaumon, au-delà du cadre
Par Sylvie Lagnier
Catalogue de l’exposition GUILLAUMON, l’artiste, Centre d’arts plastiques de Saint-Fons, 2007
Parler des œuvres de Guillaumon, est-ce parler de Guillaumon ?
Par Sylvie Lagnier
Artpress n°309, février 2005
Parler des œuvres de Guillaumon, est-ce parler de Guillaumon ?
Par Sylvie Lagnier
Artpress n°309, février 2005
La boîte à chaussures
Par Michel Le Bayon
Pour l'exposition Souffler c'est jouer, Galerie José Martinez, Lyon, 2004
La boîte à chaussures
Par Michel Le Bayon
Pour l'exposition Souffler c'est jouer, Galerie José Martinez, Lyon, 2004
L'un et les autres
Vingt ans d'autoportraits sur fond d'histoire de l'art
Par Bernadette Bost
Le Monde, 28 mars 1996
L'un et les autres
Vingt ans d'autoportraits sur fond d'histoire de l'art
Par Bernadette Bost
Le Monde, 28 mars 1996
La vie est une course de fond. La vie est une partie de go. La vie est un concours de grimaces. La vie est un dialogue avec un crâne. La vie est un roman-photos. La vie est une œuvre d'art. La vie est une séance d'essayage de chapeaux.
De la vie, Jean-Claude Guillaumon décline depuis plus de vingt ans les métaphores. Pas devant la glace, contrairement à ce qu'on pourrait croire, mais face à l'objectif d'un appareil photographique. Inventeur du "chrono-portrait", il tire à vue jour après jour sur son visage. Huit mille instants d'affrontement, le temps d'un flash, entre l'homme et son double, le comédien et le tragédien, le diable et Dorian Gray. Ainsi, se mûrit une des plus remarquables entreprises d'"autofiction" engagées à l'intersection de l'art et de la photographie. Les traces en sont moins répandues, peut-être, que les travaux d'Urs Lüthi ou Cindy Sherman, mais pas moins dignes d'intérêt.
L'activité de Guillaumon au service des œuvres d'autrui - à la Maison des expositions de Genas ou au Centre d'art de Saint-Fons - ne saurait faire oublier qu'il est aussi cet artiste. Ses photos ont d'ailleurs figuré dans un nombre d'expositions collectives internationales, depuis le coup de projecteur du Musée de Grenoble, en 1980, et on a pu suivre son évolution au Musée d'art contemporain de Lyon, ou dans les galeries L'Olave et Métropolis.
Une toute jeune galerie lyonnaise, la B.F.15, ouverte par Pierre-François Raine et Claire Peillod dans les locaux de l'agence de graphisme Trois-Quart Face (ancienne galerie Philip Nelson) propose à son tour un parcours à travers les manipulations d'une même effigie.
Les pièces les plus anciennes proposent déjà une méditation sur l'être et les contingences qui le modifient. Elles démultiplient le visage de l'artiste derrière un écran de verre de plus en plus brisé, ou font souffler dans ses cheveux le vent des modes. La plus récente, Le coupeur de fil, développée sur tout un mur, montre 24 Guillaumon en diverses tenues, autopropulsé sur la cendrée de quelque course aux rats sociale. Le propos est sérieux, mais l'humour toujours présent, en particulier dans l'œil ahuri d'un des clones se retournant vers un suivant tout nu.
La réflexion sur l'histoire de l'art, ou plutôt la promenade à travers les tableaux du passé, a inspiré à Guillaumon une superbe série d'autoportraits "à la manière de...", où il emprunte postures et expressions aux maîtres anciens et contemporains. Et il utilise subtilement ses réminiscences de visiteur de musées dans des compositions à quatre ou cinq personnages (lui-même en divers états) : un groupe de peintres ou une scène du marché de l'art. Le discours sur l'image mythifiée de l'artiste s'accompagne d'une analyse critique des rapports de force socio-économiques.
L'installation vidéo Jeu de go, réalisée avec cinq écrans, mérite une attention particulière. Un joueur noir, Guillaumon glabre, y affronte un joueur blanc, Guillaumon barbu, tandis que sur d'autres écrans défilent photos de famille, clichés de jeunesse, images de la guerre d'Algérie, films de performances ludico-contestataires des années 70, têtes de derviches tourneurs affublées des coiffures de tous les rôles possibles : 32 vertigineuses minutes de théâtre et de cinéma, de vie privée et d'histoire des sensibilités.