Jean-Xavier Renaud
Dossier mis à jour — 08/12/2020

Textes

JEAN-XAVIER RENAUD. INFECTER L'ŒIL

Par Erik Verhagen
In Jean-Xavier Renaud, Édition Galerie Françoise Besson, Lyon, 2011

LE LICHEN

Par Marc Desgrandchamps
In Jean-Xavier Renaud, Édition Galerie Françoise Besson, Lyon, 2011

MÉTÉORITES ET AUTRES CORPS TERRESTES

Par Fabrice Hergott
In Dorothéa von Stetten Kunstpreis 2008, catalogue de l'exposition, Kunstmuseum, Bonn, 2008

DIOGÈNE DE WOIPPY

Par Jean-Xavier Renaud et Maxime Hourdequin
In Dynasty, catalogue de l'exposition, Palais de Tokyo / Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Édition Paris Musées, 2010

Né en 1977 à Woippy en Lorraine, Jean-Xavier Renaud habite depuis 2004 à Hauteville-Lompnès - prononcez « Hauteville-Lonne » - commune réputée pour ses centres de soins et chef-lieu de canton de l'Ain, sorte de Twin Peaks français situé à 1000 m d'altitude dans le Haut-Bugey. Il se décrit en ces termes :

« Il a deux chiens, trois poules, deux canards, un pigeon-paon et cultive des terres avec ses amis.

Parallèlement à sa pratique artistique, il donne des cours de dessin auprès de différents publics (hôpitaux psychiatriques, service gériatrique, maisons d'arrêt...) et travaille comme médiateur culturel au musée de Brou à Bourg-en-Bresse.

Au moyen de différentes techniques de dessin et de peinture, il dénonce le caractère artificiel des conventions sociales, s'attache à renverser les valeurs dominantes du moment et à remettre en cause le « bon goût ». Pour se reposer, il peint des paysages et des animaux, joue à des jeux vidéo et donne, tout en improvisation, des concerts avec son groupe Gilbert is Dead. »

Lorsqu'il expose ses œuvres, il impose aux regardeurs des ensembles d'images jouant sur la démesure des formats et des thèmes. Honnête et nature, c'est-à-dire franc et rugueux, il peint au vitriol, sur châssis, toile libre, à l'aquarelle, à l'huile, dessine à la craie grasse et sèche, à l'encre de chine, au stylo à bille, avec branches et brindilles, herbes folles, tout ce qui lui tombe sous la main... Sans stratégie, sauf celle de se surprendre, Jean-Xavier Renaud, en tant que peintre, n'a pas non plus de limites.

Utilisant des techniques et des formats divers, il joue sur différentes séquences temporelles de création. Son travail navigue entre une aquarelle réalisée en une demi-heure illustrant aussi bien un mauvais jeu de mots (« vla François, fuyons ! ») qu'une tension qu'il faut exulter dans l'instant, des motifs à la frontière du kitsch, des peintures de paysages et des grands formats expressionnistes, à l'huile sur toile, ou réalistes, à la craie grasse, accomplis sur plusieurs semaines et dans lesquels il explore, à partir de sa propre expérience, les limites et la violence des relations humaines et des conventions sociales.

Sur le Plateau d'Hauteville se présente à ciel ouvert la « carrière franco-italienne », superbe et abandonnée. De mini cirques découpés à même la roche sont comme une invitation à peindre, au départ juste le décor, à l'arrivée peut-être lui-même, en train d'y balancer de la dynamite sur des chasseurs en contrebas, par vengeance, d'où le besoin d'une scène comme celle-là. Mais l'artiste a finalement choisi de se concentrer sur le motif, un paysage, sans figure, sans autre discours que la volonté de se confronter à la peinture de paysage, à partir d'une anecdote pittoresque, littéralement « ce qui mérite d'être peint ».

Ne pas se méprendre, Jean-Xavier Renaud n'est ni punk, ni anarchiste, ni révolutionnaire. C'est plutôt un être social pour qui les aléas de la vie constituent autant de motifs à peindre, sans aucune envie de prendre le contrôle, seulement celle de passer toutes les images à la moulinette, sur un chemin de peinture vital, urgent et instinctif : ne pas penser à la place des autres, ne pas chercher à maîtriser les images, mais au contraire chercher un hasard, une rencontre avec le regardeur.

Jean-Xavier Renaud est conseiller municipal depuis 2008. Au début, il ne comprend rien, ne trouve pas sa place, n'arrive pas à communiquer. Puis la peinture (« Le conseil municipal »), salutaire, vient à son secours. Elle lui permet d'apprivoiser ce système, ce magma démocratique dont il est témoin et de tourner en dérision les idées fixes et la violence de ses acolytes. Si une image est difficile à assumer, cela signifie qu'il doit franchir le cap, qu'il est près du but. Dans « Les hurlements », il s'interroge sur l'obligation culturelle de faire des enfants vers la trentaine et sur leur utilisation comme bouclier social, comme facteurs économiques de définition sociale.

Anticonformiste, Jean-Xavier Renaud propose une autre pratique de l'art et de la vie, subversive et jubilatoire. Il déconstruit les codes culturels et sociaux, les siens, les nôtres, en apprend plus sur lui-même, donc sur les autres et se fait plaisir.

Diogène de Woippy, artiste, peintre, sincère, il vomit sur les faux-semblants et rejette tous les référents, il a juste besoin de crier contre tout ce que la société porte d'aberrant, de se régénérer - lui et les autres -, de se recharger de vie pour nous en faire cadeau.

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