ANATOPIES, les lieux décalés
ANATOPIES, les lieux décalés, 2006
Vues de l'exposition, Centre d'art Le LAIT (Laboratoire Artistique International du Tarn), Albi et Castres
Photos : © Phoebé Meyer et Laurent Pernel
À Albi, deux éléments importants m'ont conforté dans ma démarche. La premier est la proximité du Tarn et du bruit du barrage. Le deuxième est le fait que Lapérouse soit né à Albi, ce qui me lie de nouveau avec la mer dans un rapport plus historique. Lapérouse, grande figure du monde maritime à la veille de la révolution Française, me mène tout droit vers le 18ème siècle. Siècle des lumières mais surtout période faste pour la découverte de terres alors inconnues et pour la construction navale.
Se met alors en place un travail formel à partir de bateaux de différentes époques (tanker, goélette, chalutier), des hybridations. Pour cette invitation au Moulin albigeois, j'ai mis en place une évocation allégorique de ma relation à ce monde marin au travers de 3 projets réunis sous un même titre : « J'hybride ».
vidéo, 10 min
Super Tanker Ste Cécile
Ce projet est né d'un jeu de mots, une contraction textuelle entre deux architectures que rien n'amenait à se rencontrer. D'un coté, la cathédrale Sainte-Cécile à Albi, de l'autre un navire de commerce, un porte conteneurs de la Compagnie Générale Maritime (CGM).
La cathédrale d'Albi, monument « phare » de la ville est comme un navire en attente, aux dires de certains guides touristiques, son surnom n'est autre que « le navire ». Sur les pétroliers, la partie haute qui domine le pont est appelée « la cathédrale », celle-ci reçoit tous les organes vitaux du navire, c'est le centre névralgique du bateau. Des recherches sur ces navires m'ont fait découvrir, à ma grande surprise, que la ville d'Albi, malgré son éloignement de la mer, avait bien plus qu'un pied dans l'eau, puisqu'en reconnaissance au plus célèbre de ses marins, Jean-François de Lapérouse, la ville d'Albi est la marraine du porte conteneurs LAPEROUSE de la CGM (228 mètres de long pour 32 mètres de large) qui navigue sur les mers d'Amérique du Sud.
Tous ces éléments sont venus nourrir ma réflexion pour faire naître ce navire hybride, qui trouvera sa place sous le pont neuf, près d'une pile de pont jouxtant le Centre d'art. Cette localisation me permet de jouer sur les rapports d'échelles, de renforcer la prédominance du pont et de rendre ce navire très fragile, comme perdu sous les arches du pont, une coquille de noix à la merci du tumulte du Tarn.
Laurent Pernel