Lucy Watts
Dossier mis à jour — 05/03/2019

Textes

Texte de Serge Héliès et Lucy Watts

2015

On pourrait qualifier la pratique du dessin de Lucy Watts, tout en légèreté, rapidité, liberté d'exécution, de "pratique dessinée". Ceci pour décrire plus justement une pratique qui ne se limite pas au dessin original sur papier mais emprunte et s'adapte à différentes formes, formats et techniques en fonction du projet, de l'installation ou des intentions. Passant ainsi de la feuille au mur, il recouvre objets ou éléments architecturaux pour des œuvres in-situ.
"Pratique dessinée" aussi car le texte et l'écriture occupent une place importante dans sa démarche. Ces textes, souvent à la source du projet, écrits à la main, parfois à la première personne, deviennent aussi dessin. Texte et dessin, dessin-texte ou texte-dessin, du crayon à l'impression, en lithographie ou sérigraphie, il devient édition, livre ou journal.
L'impression et l'édition ont toujours été importantes dans la pratique de Lucy Watts. L'abondance de sa production, la nature de ses dessins, propices à être distribués, l'ont conduit entre autres au multiple, comme si la profusion ajoutait du sens à sa pratique.
L'impression fait partie de son processus de création, devient un moyen pour développer ses idées, une prolongation de sa pratique dessinée. Les techniques de la lithographie ou de la sérigraphie sont cohérentes avec sa démarche : elle aime les aplats, les couleurs vives et intenses, la force que prend une image sortant de la presse. Le résultat graphique est proche d'un poster, d'une affiche publicitaire, mais le processus de fabrication qui reste artisanal et "bricolé" éloigne ses tirages d'une intention de communication pure. Le trait dessiné, associé à ce "bricolage", lui permet d'affirmer une position de résistance critique face à des sources d'informations tels que les médias, les experts, les scientifiques. Le simple geste de dé-contextualiser et de dessiner ces informations plutôt que de les prendre telles quelles, remet en cause leur sens et questionne leurs objectifs.
Le dessin, par son style, sa concision, sa simplicité engage le spectateur à prendre le message retranscrit avec une certaine distance, voire méfiance. Ainsi, d'une œuvre à l'autre, Lucy Watts nous fait passer tranquillement, sans avoir l'air d'y toucher, de la surface colorée, la pseudo-innocence de son trait, au monde de la manipulation ou de la communication de masse dans lequel nous baignons quotidiennement.

Texte de Françoise Lonardoni

Pour l'exposition Sketch in, sketch out, en duo avec Ludovic Paquelier, Espace arts plastiques Madeleine-Lambert, Vénissieux, 2015

Texte de Anaël Pigeat

Pour le catalogue du 57e salon de Montrouge, 2012

Texte de Didier Semin

Pour le catalogue de l'exposition Notes de bas de page, Centre d'art La Conciergerie, La Motte-Servolex, 2011