Olivier Nottellet
Dossier mis à jour — 20/09/2023

Textes

L’absence si profonde qu’elle salit les miroirs

Texte d'Eugénie Zély
Produit par Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes avec le soutien de la Fondation de l’Olivier, 2024

Texte de Sarah Ihler-Meyer

In Histoires vraies, catalogue d'exposition, MAC VAL, Vitry-sur-Seine, 2023

Et tout le tremblement

Texte de Vincent Brocvielle
Pour Sélest'Art, 19e biennale d'art contemporain, Sélestat, 2011

"Les corps se frôlent avec un bruit de feuilles sèches. Les muqueuses elles-mêmes s'en ressentent. Un baiser rend un son indescriptible. Ceux qui se mêlent encore de copuler n'y arrivent pas. Mais ils ne veulent pas l'admettre."
Samuel Beckett, Le Dépeupleur, 1970

Le monde est un cylindre. Le corps est une arène. Mais on ne veut pas l'admettre. Dans Le Dépeupleur, Samuel Beckett décrit avec précision cet endroit peuplé d'humains gesticulant en pure perte. Il s'agit d'un cylindre de cinquante mètres de pourtour à l'intérieur duquel oscillent la température et la lumière. Une caverne à ciel ouvert. Un lieu de séjour où des corps se cherchent en vain et tentent de fuir, en vain.

Olivier Nottellet crée depuis quelques années un monde de cet ordre (peuplé de dépeuplés, vivotant, beckettien). Ses dessins et ses installations forment un vaste cylindre, une carrière, un creuset où couve la catastrophe. Le péril menace. C'est frappant. Sidérant. Ça a lieu. Ça va venir. C'est imminent.
Et puis non. Le prochain dessin contredit le précédent, il l'empêche d'être le dernier. Des milliers d'encres sur papier cohabitent désormais, elles forment une arche. Des étais de bois sont apparus ça et là. Des remblais, des murs de soutènement. La réserve blanche irradie les décombres. L'accumulation des dessins crée l'œuvre, comme le déséquilibre crée la marche.

On peut se demander : quel était le danger, pourquoi cela menace-t-il de s'effondrer de nouveau, c'est quoi le péril ? On peut se dire : par quel concours de circonstances, jusqu'où ça va... comment ça tient encore ? Les installations et les dessins d'Olivier Nottellet attestent d'un ordre instable. C'est leur côté grande leçon. On reste interdits, témoins d'une fable où tous sont frappés, les hommes, les animaux, les objets. On rit de leurs tourments – la mécanique burlesque fonctionne à plein. On s'interroge quant à leur opiniâtreté. Pourquoi ces êtres se malmènent-ils de la sorte ? Pour de rire ?
Parfois, il est question du travail, du monde du travail, de son organisation. Il est aussi question de justice, de tribunal populaire, de visite médicale, de mise au placard, d'écart de salaire, de frustration, d'arbitraire. Cela nous concerne. On ne veut pas l'admettre.

Texte de Claire Guézengar

In French connection, Blackjack editions, 2008

Texte d'Antonia Birnbaum

Berlin, 2016