Richard Monnier
Dossier mis à jour — 28/01/2025

La pente

La pente, 1981
In Aise, revue Sgraffite n° 7/8
Texte extrait du cahier Premirers Plans, 2023

Raide pour l’esclave, signe d’ascension pour l’égyptologue, la pente des pyramides taillée dans la pierre, devait éterniser le séjour des pharaons.
Que ce soit par la cohésion naturelle mais restreinte du monolithe ou par la cohésion illimitée mais laborieuse de la construction, il fallait faire durer l’espoir de lier l’idée de permanence avec l’insistance de la pierre.
Faire de l’éternité le parement de la pierre ?
Beau souci mais vain :
Le poète n’était pas encore né qui aujourd’hui nous signale :
« …la pierre ne se reformant pas dans la nature, elle est en réalité la seule chose qui y meure constamment. »
Imhotep n’était-il pas secrètement convaincu, concevant les premiers degrés de la pyramide qu’il préparait, mieux qu’une éternelle demeure, l’éclosion d’une de ces fleurs du Nil, immortelle entre toutes, l’apothème ?
La raison du géomètre : le plan.
Je veux partager cette ingénuité qui dénue de sens la pente.
Même vue d’en bas, je n’y vois pas qu’une ascension (manque d’ambition ?)
Pour la glissade, je n’en vois pas de mauvaises (manque de jugement ?)

Dans mes sculptures en forme de pyramide de sable intitulées Ce sol, je déleste la pente du labeur de la taille, j'en confie la reproduction à l'écoulement du sable meuble et à l’invariable rigueur de la gravité de son grain.
Probité de l’instable, séance tenant.
Grave mémoire.