Yveline Loiseur
Dossier mis à jour — 18/11/2020

Éclaircie en hiver

Éclaircie en hiver, 2015

Réalisé dans le cadre résidence au Lycée Lumière, Lyon, 2013
Avec le soutien du Ministère de la culture et de la communication - DRAC Rhône-Alpes et de la Région Rhône-Alpes
Série de photographies, dimensions variables, technique variable

Sans titre #1, 2013

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Sans titre #2, 2013

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Sans titre #3, 2013

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Éclaircie en hiver, 2015
1% artistique - Région Rhône-Alpes, Internat du Lycée Lumière, Lyon 8ème
5 polyptiques, tirages lambda contrecollés sur dibond, sous plexiglas, 65 x 235 à 427 cm

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Ce travail a été réalisé au Lycée Lumière lors de ma résidence dans l'établissement. Le titre est emprunté au poème éponyme de Francis Ponge. Les photographies ont été faites de décembre 2012 à avril 2013, sur la base du volontariat des élèves de seconde, première et terminale du lycée, toutes sections confondues. Elles sont montées en 5 polyptiques, d'une hauteur de 65 cm et d'une longueur qui oscille entre 235 et 427 cm. L'ensemble des 5 images constitue un long ruban de 18 m, tiré sur papier photo lambda, contrecollé sur dibond et sous plexiglas.

Cet ensemble est placé sous le signe des problématiques liées à la représentation de la figure humaine dans des espaces collectifs et à l'image de l'adolescence. Dans Eupalinos ou l'architecte, Paul Valéry fait dire à Socrate, dans son dialogue avec Phèdre, que “l'adolescence est singulièrement située au milieu des chemins” ; le philosophe grec lui raconte cette étrange découverte qu'il fit, dans sa jeunesse lors d'une promenade au bord du rivage, d'un drôle d'objet indescriptible dans sa forme et indéfinissable dans sa matière, “de la même matière que sa forme : matière à doutes”. Les mises en scène avec les élèves ont pour cadre l'embrasure des fenêtres, à la fois analogon du tableau, mais aussi figure du passage (ils posent tantôt devant, tantôt derrière la vitre), rejouant ainsi l'instabilité de leurs humeurs et les configurations variables de leurs états intérieurs. Dans le verre de la fenêtre, le ciel d'ailleurs inscrit sa propre géographie sentimentale, faite de nuages menaçants ou de couleurs irisées. Attentive aux reflets qu'emprisonnent les vitres, je parcours seule les couloirs du lycée et je photographie, en une seule prise de vue à la chambre, les images qui traversent la rue et la cour du lycée en passant par les salles de cours. Les fenêtres constituent l'élément essentiel de cette architecture des années 60. Les photographies ainsi réalisées capturent le souvenir de ces multiples états et disent aussi qu'une architecture est vivante et qu'elle doit tourner autour d'“entrer et sortir”. Les vivants, dit Socrate dans ce même texte de Paul Valéry, ont un corps qui leur permet de sortir de la connaissance et d'y rentrer. Ils sont faits d'une maison et d'une abeille. (YL)