Des cages de terrain de football, des rouleaux de caisse en papier, des pelotes de laine, des carrés de mosaïque bleus à ne savoir qu'en faire, des canapés - toujours bleus -, des micros miniatures ou un christ en croix... Voilà quelques objets qu'Anne Marie Rognon dissémine dans l'espace d'exposition de l'École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand. Il y aussi des couleurs, vives, et des sons ; tout cela elle l'assemble et le détourne pour raconter des histoires. Histoires qu'elle invente à partir de petits riens qui l'entourent, puis en deux coups de pinceaux, trois mouvements, elle imagine des scènes où la poésie et l'humour règnent. « Dernière station avant péage » présente un tableau du christ en croix, relié par une poulie à un seau rempli de monnaie. Un savant équilibre où l'image du christ représente son pesant d'or. C'est en revenant d'un voyage à Lourdes que l'artiste réalise l'œuvre, en écho à cet autre Disneyland pour qui le commerce est une vraie religion. [...]

Une exception, cependant, confirme la règle, la seule pièce sonore que l'artiste ait réalisée est exposée ici. Elle s'appréhende en deux temps : on voit et on imagine d'abord, on entend ensuite. Le dispositif est simple, six micros miniatures sur pieds, posées sur une planche et des tréteaux. Mais aucun son à proximité. On l'entendra plus tard et plus loin, là où rien n'indiquera sa provenance, à part de probables commentaires sur l'œuvre même, dérobés aux spectateurs, ignorant le dispositif, et diffusés en direct.