Arièle Bonzon

Dossier mis à jour — 11/09/2024

Né⋅e en 1955

Vit et travaille à Lyon

Représenté⋅e par la Galerie Le Réverbère, Lyon

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amers 1 { objets fixes et visibles servant de points de repère sur une côte }
Un compagnonnage photographique plus que jamais au centre du courant qui me porte. D’une rive à l’autre, pauses dans le temps ou variations sur le motif, c’est un seul flux. La photographie y est toujours en question. Cadre, deux dimensions, statut de preuve, mémoire d’enregistrement, son lien à l’inconscient… À l’origine, la découpe du réel et le hors-cadre des Travaux de papier (1985-1988) précèdent Archéologie (1990), série d’objets photographiques mis en scène. Les spécificités du médium me nourrissent, question de temps et d’espace. Poésie d’une photographie en retable des jours, c’est Equinoxe d’automne (1995), sa face d’écriture, Outreloin bleu (1999), pour lire entre ses lignes la vibration des vides. Sont mis en évidence les liens de la photographie avec la matière qui la fait exister. Je considère l’image photographique comme œuvre de l’esprit, attachée au réel qu’elle représente, mais je la comprends également dans sa matérialité, dont elle surgit et avec laquelle elle se confond. La magie photographique opère pour moi à divers états d’apparition de l’image. J’y vois une texture pour la pensée. Lumière dans Le Jeu de la vie (2003-2004), instantanés polaroid sur fleurs coupées. C’est le temps de l’attente, inéluctable jusque dans la beauté flétrie des enterrements. Avec Passer. Désert aller retour, je m’en suis remise au monde. Impressions photographiques de voyage, un passage dans le paysage, celui du désert comme lieu physique et métaphore de la vie. Vitesse et fixité au même point.
— A.B., 2007

amers 2 { objets plus ou moins fixes et souvent peu visibles servant malgré tout de points de repère, faute de mieux, lorsque la côte n’est plus en vue }
1, 2, 3, familier… L’histoire ne se répète pas. Je me suis embarquée avec Familier, dans une “affaire” de collection, une communauté intime où jouer “connu inconnu” à pile ou face, avec l’envie de conjuguer le verbe photographier à tous les temps. Quatre périodes entre 2007 et 2010 ont permis de mettre en œuvre cet ensemble, dispositif à géométrie variable, d’environ 150 photographies. La relation au dispositif m’a fait gagner en liberté et laisser filer le monde, tout en observant ce qui est essentiellement fascinant dans l’acte de retenir que pose la photographie. À partir de cette observation, je note que l’enregistrement du réel, au lieu de certifier ce que nous voyons, nous place souvent face à nos doutes. Ainsi est né Incertitudes (2013), où chaque proposition photographique interroge le regard. Entre deux questions, il m’a fallu regarder au loin. Les fenêtres du lieu où je vis doivent toujours pouvoir satisfaire à ce repos de l’œil. C’est en reposant mes yeux que j’ai collecté ces instants d’espaces où tout devient clair, où le temps s’allie à la distance et à la lumière, et que Vues d’ici a pris forme, Lyon de près et de loin.
— A.B., 2016

amers 3 { objets flottants, visibles de façon épisodique, pouvant tenir lieu de points de repère sur une côte ou dans le temps }
La suite du voyage (2019) Extérieur(s) : “chaque miniature de paysage qui a bien voulu se laisser arranger dans ma boîte est devenue un détail de ma mémoire enregistrée. Une forme qui offre son allongement, un panorama. Quelque chose s’étire, puis s’ouvre et se referme, un rideau. Cela a à voir avec le temps, la mécanique horizontale du paysage.”
Et puis Tilleli (2010-2021) : Tilleli est le prénom de la petite fille que j’ai rencontrée et photographiée à l’aéroport d’Alger, avant mon départ. Elle voyageait à dos de valise avec ses grand-parents vers la France. Entre sa grand-mère en habit traditionnel, comme elle, et sa poupée Barbie. J’ai demandé si je pouvais faire une photographie. C’est ainsi que j’ai su que Tilleli signifie “Liberté” en Berbère.
Et enfin avec la série au long cours, Intérieur (2016-2026), j’hésite à parler du présent au passé. Intérieur ouvre grand les yeux sur l’énigme du temps et met un pied dans la porte. La chambre obscure est ouverte devant nous. C’est un laps et puis plus rien. Tout a disparu.
— A.B., 2024