La ville d'Enghien n'existe pas, Enghien-les-Bains
5 affiches tirées à 5 ex. chacune, tirages électrostatiques, 120 x 180 cm
Affichage à Enghien-les-Bains, dans le cadre de la 1ère Biennale Eaux de Là, association In situ
Commissaire : Catherine Grout
Extrait du texte de présentation du projet :
La ville d'Enghien n'existe pas, mais elle est habitée. Par les enghiennois bien sûr, mais surtout, et cela est plus troublant, par d'autres villes qui sont comme autant de lieux de villégiature.
Nice, Monte Carlo, Cambridge, Evian, Juan les Pins, Deauville... autant de sites propices à des fantasmes d'une aristocratie enfuie, fantômes de crinolines, de chapeaux claque et de "beaux équipages".
Le lac, le casino, les thermes, le lycée-manoir en briques rouges et jusqu' au champ de courses à proximité qui sont les "points forts" constitutifs de l'identité visuelle de la ville, comme on dit maintenant, sont surtout les points d'ancrage de ces sites rêvés. Tout cela, sans aucun doute, procure une certaine qualité de vie, paisible et empreinte d'élégance surannée. On pourrait se rêver ici flâneur distingué et un peu las, esthète au repos, loin des bruits de la capitale toute proche pourtant.
On parle beaucoup de virtualité actuellement, mais ce concept n'est peut-être pas nouveau-né. Nous y voilà : Enghien est une ville virtuelle, avec tout ce que cette notion comporte de part de séduction, c'est à dire que dans ce lieu, à l'abri du risque dirait-on, il n'est pas possible d'avoir vraiment mal.
Qu' ai-je fait, en somme ici ?
Bien posément et après quelques repérages, je suis venu prendre des photographies, avec une chambre à soufflet, recouverte d'un carré de tissu noir. Puis j'ai fait numériser ces images sur un CD Rom pour pouvoir les retravailler sur un ordinateur.
Je n' avais jamais procédé de la sorte, étant plus friand généralement de la réalité de la peinture et de ses matériaux. Et ces images légèrement transformées (dans leurs couleurs et par l'élimination de certains détails) ne sauraient être fidèles à ce que l'appareil photographique enregistra, et de ce fait, n'existent pas.
Mais ici, m'a-t-il semblé, seule une manipulation virtuelle (recomposée) sur un sujet virtuel (qui est rêvé) pouvait, par une sorte d'obscur retournement, réaliser cette ville. C'est un peu l'histoire du menteur qui dit qu' il ment.