Courrier de Bruno Yvonnet à José Martinez, à l'occasion de l'exposition Vaillants & Boums, Galerie José Martinez, Lyon, 2011

Cher José,

Tu me demandes un texte pour la plaquette de l'exposition des Vaillants & Boums à la galerie.
Tu sais combien je me méfie de l'explication de l'œuvre en général.

 Alors, j'avais pensé me réfugier derrière des citations, comme celle-ci, d'Alain Badiou citant lui-même Gilles Deleuze, (ce qui déjà sonne assez bien) :
"Rien n'est intéressant qui ne soit affirmatif. La critique, les limites, les impuissances, les fins, les modesties, tout cela ne vaut pas une seule affirmation véritable".
Celle-ci, je l'avais déjà un peu pompée pour le carton, tu as remarqué.

Ou Michel Audiard, par la bouche de Maurice Biraud (c'est moins la classe) :
"Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche".

Ou bien m'en tenir aux éléments techniques de fabrication (parce que quand même, je continue de choisir mes outils en fonction de mes projets, c'est pour ça que j'en change tout le temps) et ça aurait fait :

- peintures à l'huile (c'est à dire sans goudron cette fois-ci, ça doit être pérenne)
- sur papier (c'est à dire pas du mobilier à la différence d'un châssis)
- glacées par l'apposition d'un film plastique (c'est à dire empâtements écrasés)
- linogravures (c'est à dire simples aplats, procédé d'affiche).

Ou bien encore dire que la pensée positive d'Emile Coué est de plus en plus difficile à mettre en œuvre.

Ou bien enfin disserter sur la relation mystérieuse mais révélatrice entre l'image mentale et l'image objet, et à ce titre, lister tout un tas de figures héroïques possiblement derrière les portraits (et selon l'envie de chacun) : pour aller vite, des films d'Alexandre Dovjenko à ceux de Leni Riefenstahl.

Mais c'est trop long et j'en oublierais.

 Bruno