Camille Llobet
Dossier mis à jour — 18/02/2025

Pacheû

Pacheû, 2023 (en production)

Pièce sonore binaurale, belvédère en métal, casques d'écoute

Enregistrement d'un fond d'air (bruits du silence),
aire de bivouac sous un rocher, au pied de la Tête de la Cicle, Réserve naturelle des Contamines-Montjoie, novembre 2022
Enregistrement de trajectoires sur glace et des bruits du glacier, crevasse, glacier des Bossons, massif du Mont-Blanc, novembre 2022
Trajectoires sur glace et sur neige, Cascade des Rochassets,
massif du Mont-Blanc, janvier 2021
Croquis préparatoire du belvédère, posture d'écoute
« Ce projet de film a donné lieu à plusieurs pistes de recherche dont la plus importante – sur le bruit de la montagne – prendra aussi la forme d'une installation sonore. J'ai commencé par fabriquer un micro binaurale en plaçant deux micros miniatures haute sensibilité sur un casque d'alpinisme. « Binaural » signifie littéralement : ayant trait aux deux oreilles. L'audition binaurale, par comparaisons de fréquences, permet à l'homme et aux animaux de déterminer la direction d'origine des sons. Les techniques d'enregistrement et de diffusion binaurales tentent de recréer une spatialisation sonore au plus proche de l'écoute humaine.
Dans « Notes on Blindness », le professeur John Hull, devenu aveugle, raconte comment la pluie lui redonne la perception d'un espace : chaque matériau percuté par les gouttes révèle sa sonorité propre et la distance des choses les unes par rapport aux autres.
La haute montagne est dépourvue de sentiers et demande de tracer son propre chemin à travers les éléments. À l'instar de cette reconstruction d'une représentation spatiale par le son, des alpinistes traversent l'espace autour de mon micro : leurs gestes et leurs parcours révèlent des lignes sonores dans la matière.

À partir de ces expérimentations enregistrées, je vais réaliser un montage qui jouera sur des alternances de motifs, de trajectoires et de matières sonores. Il y a une dimension très physique et sensible dans l'écoute et en même temps une extrême immatérialité de l'œuvre qui ne nécessite qu'un casque audio. Cela entraîne une superposition entre la réverbération sonore du milieu enregistré, le vide de l'espace d'exposition et la résonance ressentie de la boîte crânienne. L'œuvre sera matérialisée par un belvédère, une rambarde proposant au spectateur une posture d'écoute précise : debout, immobile, dans le vide. »

→ , essai documentaire, 2023
© Adagp, Paris
© Adagp, Paris