Camille Llobet

Dossier mis à jour — 25/09/2023

Portrait de Camille Llobet, L'atelier A - ARTE / ADAGP, 2024

LEXIQUE
Recueil de mots issu des notes de Camille Llobet.

PACHEÛ, croquis sonores

BRUIT
Phénomène perçu par l’oreille.
 
BINAURAL
Qui se rapporte aux deux oreilles. C’est par l’audition binaurale que l’on perçoit la position des sons dans l’espace.
 
BINAURAL (MICRO)
Dispositif en forme de tête avec des microphones haute sensibilité au niveau des oreilles, pour permettre un enregistrement sonore au plus proche de la perception sonore humaine.
 
CROQUIS
Dessin simplifié d’un objet qui peut servir d’ébauche ou permettre de visualiser rapidement son aspect.
 
HAUTE MONTAGNE
Niveau d’altitude où la vie humaine est soumise à des contraintes fortes. Milieu géologique complexe et dépourvu de sentier où l’alpiniste progresse en cherchant un cheminement possible.
 
PACHEÛ
Passage, cheminement. Un « pacheû » n’indique pas seulement un sentier bien tracé mais aussi toute trace de passage qui laisse des marques : empreintes de pas, usure de la roche, vire herbeuse. Hubert Bessat et Claudette Germi, Les mots de la montagne autour du Mont-Blanc, Éditions UGA, 1991.
 
PLUIE
Dans son autobiographie, le professeur John Hull, devenu aveugle, raconte comment la pluie lui redonne la perception d’un espace : chaque matériau percuté par les gouttes révèle sa sonorité propre et la distance des choses les unes par rapport aux autres.
John Hull, Touching the Rock: An Experience of Blindness, Éditions SPCK, 1990.

RÉSONANCE (QUALITÉ DE)
Manière dont un lieu restitue le son selon sa forme et la dureté ou mollesse de ses surfaces.
 
RÉVERBÉRATION
Persistance du son après que sa source a cessé d’émettre.
 
VIBRATIONS DE LA GLACE
Le son qui traverse une surface gelée nous arrive plus rapidement qu’un son qui traverse l’air. Les ondes sonores émises par le choc d’une pierre lancée sur la glace vont être dispersées et ne vont pas toutes parvenir en même temps aux oreilles, ce qui expliquerait l’étrangeté du son d’un ricochet sur la glace.

BROUILLARD

CHARIS SIL
Typographie comprenant des glyphes pouvant être utilisés pour une notation phonétique.
 
DIALECTE
Variante géographique intermédiaire d’une langue sous une forme parlée et écrite.

GLYPHE
Symbole graphique d’un caractère ou d’un accent.
 
IDIOLECTE
Langage parlé propre à un seul individu.
 
PATOIS
Langage oral développé dans une localité souvent rurale.

MAJELICH

APPAREIL PHONATOIRE
Ensemble des organes et des muscles qui sont utilisés pour produire la parole. L’appareil phonatoire de l’enfant est en cours de construction, tandis que celui d’une chanteuse professionnelle est entraîné à l’extrême.

BABILLAGE
« C’est ainsi que les enfants acquièrent la pratique de leur langue, en procédant par généralisation à partir de différents indices parlés et visuels. Ils repèrent d’abord les contours de la parole porteuse de sens, bien que des mots isolés et des phrases puissent ne pas être compris. Certains jeunes enfants commencent, par exemple, par imiter les variations d’intonation et d’intensité de la parole de l’adulte. […] Pour l’enfant, la signification que l’adulte essaie de transmettre se trouve sans aucun doute dans les contours prosodiques du son ». Israel Rosenfield, L’invention de la mémoire, Éditions Flammarion, 1994, chapitre II « Motricité du langage ».

CHANTEUR·EUSE LYRIQUE
Interprète qui entraîne, façonne et travaille sa voix avec la précision d’un·e orfèvre et l’implication d’un·e athlète de haut niveau.

MAJELICH
MAYJE MBOUM MAJCHELYICHJ CHIN TDÈ DTÈT
Néologisme issu des productions vocales d’Alice [fille de Camille Llobet], antérieures à la formulation des mots.
  
PROSODIE
Inflexion, tonalité, accent, modulation et rythme de la langue parlée.
 
REPRODUCTION EN DIRECT
À l’aide de la voix, de la langue orale, du geste, reproduire en temps réel un élément sonore ou visuel perçu. Dispositif performatif où la vitesse de défilement en direct impose à la fois une extrême concentration et un certain lâcher-prise.
SOPRANO
En chant lyrique, voix la plus aiguë.

SÉQUENCE

DIAGRAMME
Schéma permettant de représenter les différentes parties d’un tout et leur organisation.

MOUVEMENT
Déplacement d’un corps dans l’espace.  

NOTATION DU MOUVEMENT
Technique qui vise à consigner le mouvement à l’aide d’une écriture codifiée. Plusieurs tentatives de systèmes de notation ont été développés dans le domaine de la danse, sous forme de partitions chorégraphiques.

SÉQUENCE
Suite ordonnée d’éléments, d’opérations, de phases.

SIGNE
Représentation qui renvoie à un objet, une action ou une valeur au sein d’un groupe social donné. 

VOLTIGE AÉRIENNE
Réalisation de mouvements exceptionnels à l’aide d’un engin volant à des fins d’entraînement, de démonstration ou de compétition. Le pilote espagnol José Louis de Aresti Aguirre a inventé un ensemble de signes et de tracés pour décrire de manière standardisée des figures et mouvements dans l’espace : boucles, vrilles, rétablissements normal, retournements, renversements, remontées dos, passages par l’avant, déclenchés négatifs, tonneaux en virage, ruades.

VOIR CE QUI EST DIT

ESPACE DE SIGNATION
Espace dans lequel se trace la langue des signes. La ligne du temps est perpendiculaire au corps de la personne qui signe. Le passé est situé dans son dos, le présent au niveau de son corps et le futur est placé devant.

GESTIQUE
Ensemble des gestes, comme moyen d’expression d’une personne. En musique, la gestique désigne la communication codifiée du·de la chef·fe d’orchestre à l’adresse des musicien·ne·s.

LANGUE
Système de signes vocaux, gestuels et graphiques conventionnels utilisés par un groupe d’individus pour s’exprimer.

LANGUES DES SIGNES
Langues visio-gestuelles des communautés sourdes. Elles se construisent par la position des doigts et des mains, le mouvement et la posture du corps et les expressions du visage. Comme les langues orales, elles se développent dans chaque communauté (langue des signes française, italienne, américaine…) et comportent une grammaire et une syntaxe complexes. 

LANGUE ÉTRANGÈRE
Langue dont le sens nous échappe mais que l’on peut saisir de manière sensible.

MUSIQUE DE FOSSE
Dans un film, musique qui ne provient d’aucune source identifiable à l’image. Le terme fait référence à la fosse d’orchestre que l’on trouvait dans les théâtres ou dans les salles de cinéma muet.
 
SOURDE (CULTURE)
Cohabitant majoritairement avec le monde des entendant·e·s, que ce soit dans un contexte professionnel ou familial, les personnes sourdes se retrouvent souvent en communauté pour communiquer et échanger sur leurs préoccupations ou situations personnelles. 
La langue des signes œuvre au partage de valeurs communes. La culture artistique Sourde (théâtre, poésie, humour sourd) se fonde sur une forme d’expression corporelle et visuelle.

SURDITÉ PROFONDE
Perte d’audition ou surdité de naissance qui conduit à ne percevoir aucun bruit, ni aucun son.
 
VISUAL VERNACULAR (V.V.)  
[vision vernaculaire] 
Forme d’expression poétique Sourde qui utilise les caractéristiques visuelles et rythmiques de la langue des signes. À l’instar du monde entendant qui dispose de différents modes d’expressions artistiques, le monde des sourd·e·s connaît aussi cette diversité. Ainsi, la langue des signes, le chantsigne, le mime ou encore la VV permettent cette expression artistique visuelle.

FAIRE LA MUSIQUE

ATTENTION
Tension de l’esprit et du corps vers un objet à l’exclusion de tout autre.

AUTOMATISME
Action réalisée sans engager de réflexion ou de pensée. 

FAIRE LA MUSIQUE
Expression utilisée par les pilotes de la Patrouille de France pour nommer leurs exercices de répétition mentale. « Faire la musique » évoque l’idée de partition, de ritournelle, de petite musique qui reste en tête.
 
MOUVEMENTS
Gestes effectués par le corps dans l’espace. 

NEURONES MIROIRS
Selon le principe des neurones miroirs, on émet l’hypothèse qu’imaginer une action active plus ou moins les mêmes zones cérébrales que de réaliser physiquement cette action.

PENSÉE
Représentation mentale d’idées ou d’images.

RÉPÉTITION MENTALE
Entraînement qui consiste à visualiser précisément un enchaînement de mouvements afin de les mémoriser et les automatiser. 

CHORÉE

CHORÉE
Trouble neurologique « Chorée de Sydenham » qui provoque des mouvements involontaires anormaux et incontrôlables, aussi appelé « Danse de Saint-Guy ».

ÉCHAUFFEMENT
Ensemble de mouvements et d’exercices visant à chauffer le corps et à le préparer à la réalisation de gestes complexes.
 
DÉTAIL SECONDAIRE
Giovanni Morelli, historien d’art, considérait que les détails secondaires a priori dépourvus d’intérêt (lobes d’oreilles, forme des doigts) révélaient la technique personnelle d’un·e artiste, car non enseignés dans les différentes écoles de peinture. Procédé d’interprétation qui ressemble à l’observation des traces pour la chasse, des symptômes en médecine et des indices dans une enquête criminelle.
Carlo Ginzburg, Mythes, emblèmes, traces ; morphologie et histoire, 1989, Chapitre « Traces. Racines d’un paradigme indiciaire ».

INVOLONTAIRE
Qui échappe au contrôle.

PACHEÛ, essai documentaire

À VUE
Progresser sur un terrain de proche en proche, sans connaître l’itinéraire à suivre, en se basant seulement sur l’observation.
 
BASSIN
Bassine, cuvette, entonnoir, creux. Bassin versant : portion de territoire délimitée par des lignes de crête d’où s’écoulent les eaux de pluies.
 
BRÈCHE
Petit col étroit.
 
CICATRICE D’ÉCROULEMENT
Zone plus claire d’où s’est détaché un pan rocheux.
 
COULOIR
Dépression à flanc de montagne, qui peut être plus ou moins encaissée et plus ou moins large.
 
CREUX D’NANT
Roche polie comme dans le lit étroit d’un nant (torrent en patois).  
 
CREVASSES
Fentes plus ou moins profondes à la surface d’un glacier. Elles se forment lorsqu’une partie du glacier se déplace plus vite que les autres, en fonction des reliefs et de l’inclinaison de la pente ou de la rencontre avec un autre glacier.
 
ÉPERON
Avancée rocheuse qui se détache sur un paysage montagneux. 
 
ÉCHARPE
Bande de neige raide au milieu des rochers.

FENTE ALPINE
Fractures ouvertes où se sont formés des cristaux par métamorphisme (modification de la roche sous l’effet de changement de température ou de pression). Elles sont nombreuses dans le massif du Mont-Blanc et les cristalliers y trouvent des fours à cristaux.
 
GÉNÉPI
Variété d’armoise qui pousse exclusivement en montagne, notamment sur les moraines et monticules de haute altitude. Fleur de glacier dont la cueillette est réglementée, elle est ramassée par les connaisseur·euse·s pour en faire de l’eau-de-vie. 

GORGE
Passage étroit et encaissé aux versants raides.
 
GOULOTTE
Étroit couloir de glace.
 
GRANITE
Roche magmatique très dure à texture granuleuse car refroidie lentement en profondeur. Le granite prend une patine rousse sombre quand il est exposé depuis longtemps au soleil et aux intempéries. Il est gris clair quand c’est une « roche fraîche » issue d’effondrements récents.
 
KINESTHÉSIE
Sens du mouvement. Forme de sensibilité qui, indépendamment de la vue et du toucher, permet à l’individu de situer son corps et ses déplacements dans l’espace.
 
LIGNES
Sur les faces rocheuses d’une montagne, en pente raide, nouveaux itinéraires et passages formés par les conditions d’enneigement. Observer, chercher, dessiner, ouvrir des nouvelles lignes. 
 
MOUTONNÉE (ROCHE)
Roche d’aspect arrondi, légèrement strié et ondulé sous l’influence de l’érosion glaciaire. L’appellation est due au géologue suisse Horace-Bénédict de Saussure qui leur trouve une ressemblance avec les perruques utilisées par l’aristocratie, lissées avec de la graisse de mouton.

MORAINE
De morena (savoyard) : renflement de terre. Accumulation de blocs rocheux formée à la suite du déplacement d’un glacier, sur ses bords ou à son ancien emplacement.
 
PACHEÛ
Passage, cheminement. Un « pacheû » n’indique pas seulement un sentier bien tracé mais aussi toute trace de passage qui laisse des marques : empreintes de pas, usure de la roche, vire herbeuse. Hubert Bessat et Claudette Germi, Les mots de la montagne autour du Mont-Blanc, Éditions UGA, 1991.

PERMAFROST
Ou pergélisol ; zone du sol gelée en permanence dans laquelle la présence de glace stabilise la roche.

PLEIN GAZ
Au-dessus d’un vide impressionnant.
  
RAMPE
Fissure horizontale, vire inclinée au milieu d’une paroi.
 
RIMAYE
Large crevasse formée entre le glacier et la roche.
 
ROGNON
Petite masse minérale arrondie qui émerge d’un glacier.
 
VIRE
Replat étroit sur la paroi d’une montagne.
 
VERROU
Obstacle qui empêche le déroulement d’une action ; barre rocheuse située en travers d’une vallée glaciaire.

MIMÈSIS

ALLURE
Manière d’aller ou de se mouvoir (vitesse et amplitude d’un geste).

AMPLITUDE
Distance entre les points les plus écartés d’un mouvement.

CO-VERBAL 
Se dit d’un geste qui appuie ou précise le sens d’un discours, lorsque les mains cherchent intuitivement à transcrire du sensible en langage.

FORME
Qualité structurelle (lignes, surfaces et contours) d’un objet, à partir de laquelle l’esprit est en mesure de reconnaître et appréhender sa réalité par les sens.

MIMÈSIS
Issue d’un terme grec qui signifie imiter, la mimèsis est une notion philosophique qui désigne le rapport d’imitation entre l’art et le réel, la reproduction plus ou moins fidèle d’un geste ou d’une action.

MIROIR
Surface réfléchissante. Plus largement, se dit de ce qui reproduit l’apparence ou les mouvements d’autre chose.

ALICE

BOUCLE SCRUTÉE
Extrait sonore très court écouté en boucle pour tenter d’en saisir les subtilités. Porter une attention auditive extrême aux détails pour observer ce que le cerveau a pour habitude d’évincer en généralisant ce qu’il perçoit.

DÉCHIFFRAGE
Lecture d’une écriture par tâtonnement pour en comprendre le sens et la forme.
 
EXPOSANT
Notation typographique plus petite placée en haut d’un côté ou de l’autre d’un caractère. L’exposant exprime ici les sons secondaires, moins audibles.
 
ONOMATOPÉE
Écriture d’un bruit utilisant le panel de lettres et de sons disponibles dans une langue.

PARTITION
En musique, notation écrite et organisation graphique d’une composition musicale.
 
SYLLABE
Ensemble de lettres qui se prononcent en réalisant un seul son.

STÉNOGLOSSIE

BONIMENTEUR
Commentateur des séances de cinéma muet qui explique en direct ce qui se passe à l’image.

DESCRIPTION
Interprétation à partir de l’observation d’une réalité concrète.

EKPHRASIS
Issue de la rhétorique de l’Antiquité grecque, désigne la description verbale précise et détaillée d’une œuvre d’art.
 
INTERPRÈTE EN LANGUE
Personne qui traduit en direct, explique et donne oralement l’équivalent de ce qui est dit dans une autre langue.
 
MÉMOIRE 
Le philosophe et neuroscientifique Israel Rosenfield décrit la mémoire comme l’activité d’organiser ce que l’on perçoit en différentes catégories. Ces catégories sont en constante évolution en fonction de l’expérience vécue : un souvenir est toujours réinventé par ce qui se joue dans le présent. Israel Rosenfield, L’invention de la mémoire, Éditions Flammarion, 1994.

ORALITÉ
Qui s’exprime de vive voix.

STÉNOGLOSSIE
Néologisme dérivé de Sténographie désignant un procédé de transcription rapide par un système d’écriture spécial. L’élément sténo (court) est associé à -gloss (relatif à l’organe de la langue).

Tête du Couvercle, 20 juin 2022, Fond d'air, 2023

ACOUSTIQUE
Qui concerne la perception des sons ; discipline qui traite des aspects physiques de la production et de la transmission des sons et des bruits.
 
ÉBOULEMENT ROCHEUX 
Masse rocheuse qui s’arrache d’un pan de montagne et se délite. Les blocs roulent, rebondissent, tombent en chute libre et se pulvérisent aux pieds des faces d’une montagne.

FOND D’AIR
Bruit du silence ; terme utilisé par les preneur·euse·s de son pour désigner l’enregistrement du silence ambiant d’un espace de tournage. 

SOUFFLE 
Bruit régulier qui rappelle celui de la respiration. Mouvement naturel de l’air dans l’atmosphère.

TORRENT
Cours d’eau des régions montagneuses ou accidentées caractérisé par son irrégularité (débit changeant, fortes crues, courant intense).

VALLÉE GLACIAIRE 
Vallée arrondie créée par la formation et le déplacement d’un glacier.