Camille Llobet
Dossier mis à jour — 25/09/2023

TÉLÉSCRIPTEUR

TÉLÉSCRIPTEUR, 2006

Installation vidéo synchronisée, 3 vidéos dv pal 4/3, 123' écrans LCD 4/3, barres métalliques

Vue de l'exposition « Après coup », Galeries Nomades IAC Villeurbanne/Rhône-Alpes
L'attrape-couleurs, Lyon, 2010

Pour « Téléscripteur », Camille Llobet a demandé à trois personnes de décrire oralement, en direct et sans pause, la totalité d'un film d'action particulièrement dense, « La Chute du Faucon noir » de Ridley Scott. Les enregistrements filmés de ces expériences sont diffusés simultanément sur trois écrans. On y voit chaque visage plongé dans la description de ce qui se joue devant lui. Par la concentration requise et la fatigue éprouvée par sa longueur – le film dure un peu plus de deux heures – le récit se fait performance. L'épuisement et la difficulté du direct font dérailler la narration dans l'absurde. La parole hésite, trébuche, balbutie dans sa tentative de coller au plus près à la vitesse du défilement. Amalgames, lapsus, ellipses révèlent ainsi les différentes sélections opérées dans la multitude d'informations.
La mise en comparaison fait affleurer des différentes stratégies de cette prise de note orale, cette « sténoglossie ». Qu'ils privilégient le registre lapidaire d'une vision synthétique ou qu'ils viennent se perdre dans les méandres de l'exhaustivité, on perçoit la singularité des regards portés et leur manière de rendre compte, d'être témoin.

Notice de Paul Bernard dans « Camille Llobet, Monographie », éditions Adera, 2013
© Adagp, Paris