Mon grand-père maternel avait toujours dans sa banane un couteau suisse. Enfant, j’étais fasciné par les multiples possibilités de transformer les choses avec cet outil.

Je développe un travail de sculpture où les temps de recherche dédiés sont comme des leviers sans lesquels ma pratique n’évoluerait pas de la même manière. Chaque période immersive, en atelier ou en résidence, me permet de reconsidérer mes sujets de recherche. Ce sont des instants exclusifs où l’expérimentation, la manipulation des matières, apportent de nouvelles données sensibles et théoriques bousculant mes habitudes.

Mes récents travaux sur le sujet oasis m’ont amené à questionner les formes de paysages mais aussi à intervenir in situ. À partir de combinaisons d’éléments naturels et artificiels, je façonne des objets hybrides. Dans mes installations se côtoient des élévations, stratifications ou superpositions de terre, laine de verre, argile, plâtre, mousse polyuréthane, béton et autres matières premières. Des éléments manufacturés détournés se mélangent à des formes plus naturelles.

La casquette est un motif récurrent dans mon travail. Élément protecteur indispensable, cet objet m’accompagne quotidiennement. Si la dimension symbolique m’intéresse, c’est en sa qualité d’outil que la casquette devient importante pour moi. Souvent présente dans mon sac à dos ou sur ma tête, elle peut être détournée à tout moment en contenant, cale, filtre, ou moule. Transformée, elle intègre ou devient la base de mes sculptures.

Avec les différents médiums que j'utilise, je mène une recherche de matière où les alchimies provoquent des surprises. Les recettes que j'emploie malmènent nos représentations familières et questionnent parfois les propriétés physiques de ces éléments. Comme si les choses se faisaient fossiliser petit à petit par une substance active altérant notre perception et nous projetant vers une archéologie hypothétique.