Textes
Plans de référence
Par Cédric Loire
In Semaine n°362, Analogues, Arles, 2014
Plans de référence
Par Cédric Loire
In Semaine n°362, Analogues, Arles, 2014
Entretien avec Gwénola Ménou
2009
Entretien avec Gwénola Ménou
2009
Gwénola Ménou : Ton travail résulte d'actions (quasi au sens de performances) que tu appliques sur des matériaux. Certains supports sont enveloppés et réinvestis par ces actions (les panneaux de portes, les pans d'étagères), et d'autres sont maltraités comme ceux qui seront présentés chez Analogues (la sphère, les panneaux enduits, tracés, brisés). Fais-tu cette distinction de traitement dans tes œuvres ?
Hervé Bréhier : Oui, ce sont deux démarches sculpturales, proches dans des choix de matériaux mais différentes dans l'espace temps de ces matériaux et différentes dans le traitement sculptural. Dans une démarche, le matériau est déjà porteur d'histoires, de traces du temps, où j'interviens avec peu de gestes, peu de mouvements.
Des pièces comme les panneaux de portes, les pans d'étagères, porte coupée en 6, sont des matériaux choisis dans le bâtiment ou l'industrie, ils ont déjà une histoire par diverses traces du temps qu'ils ont subi. Alors je suis attentif à leur nature propre et mon désir plastique est de les placer dans le champ de la sculpture avec une ambiguïté, une complexité introduites par mon action qui les coupe de la part de hasard et de leur temps.
L'autre démarche, où je travaille avec des matériaux manufacturés et où je pars de leur dimension déjà donnée : là mes gestes, mes mouvements, mes actions, comme enduire, tracer, couper, briser..., sont à l'origine de la sculpture et donc créent sa plasticité. Dans mes recherches plastiques, j'ai souvent besoin que tout soit pris en compte, c'est-à-dire que le geste, le processus, quelque soit son ampleur, figurent dans la réalisation finale.
Cédric Loire évoque, dans le Semaine que nous avons publié, la place importante de la peinture dans ton travail, mais pourtant à aucun moment tu ne fais usage de pinceau ni de peinture. Les techniques sont plutôt le dessin, l'enduit, l'assemblage. Probablement sais-tu ce qui a amené Cédric Loire à conclure son texte dans cette voie en sortant de ton atelier, mais peux-tu nous en dire un peu plus sur le rôle de la peinture pour toi ?
Cela est assez nouveau, mais de plus en plus souvent on me parle de peinture par rapport à ma démarche. Je pense que cela vient du travail sur les surfaces et sur les tranches et du rôle déterminant de ces surfaces et de ces tranches.
Les surfaces que je travaille, soit sur un support « neutre », soit sur un support porteur d'histoires, couche par couche, avec l'enduit, pour arriver quasiment à un monochrome blanc ; les tranches de ces panneaux de bois qui ne sont pas traitées contrastent avec la surface enduite.
C'est aussi dans le dispositif de l'installation où la lecture des pièces se fait de manière frontale, étant toujours posées au sol, ou en appui au mur. J'aime et je m'intéresse beaucoup au travail de peintres tels que Marthe Wéry, Silvia Bächli, Lee Ufan et aussi à la peinture minimaliste. Je regarde particulièrement le travail de Marthe Wéry, dans son rapport au trait, au monochrome et à l'installation de ses œuvres dans l'espace.
Les vidéos, plus rares dans ton travail mais non moins importantes, témoignent-elles aussi de gestes et d'actions qui approchent un point de tension à travers le mouvement, celui très ténu d'une caméra à bout de bras, celui d'une pile de feuilles de papier qui s'éparpillent au vent, celui de volets qui jouent avec la lumière et avec le son. Comment ces vidéos arrivent-elles ?
Mes vidéos sont en étroite correspondance avec ma recherche sculpturale dans le peu de gestes, le peu de mouvements visibles. Elles se construisent à partir de ce qui est concret, à partir de ce qui est accessible, ce sont des rencontres avec des lieux, des paysages, une relation à un espace. Je les travaille souvent par des mouvements lents qui induisent cependant un espace sonore violent. Les vidéos comme Angle de mur filmé à bout de bras (muette, 1 min.) sont proches du monochrome. L'image se dévoile et disparaît au fur et à mesure de la lecture ; ces vidéos se rapprochent aussi de la peinture, justement par ce questionnement de la surface.
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