Karim Kal
Dossier mis à jour — 17/06/2024

Textes

Rétentions

Par Estelle Nabeyrat, 2013

En dehors des cadres circonscrits, lorsque les bétons ont déchargé la noblesse de leur caractère moderniste, que le minimalisme formel s'est vu destitué de toute velléité esthétique au profit d'un fonctionnalisme endurant, que reste-t'il ?

Si malgré tout, les surfaces sans qualité n'accordent aucun écho aux messages et aux signes qui viendraient s'y frotter, encore une fois, que reste-t'il ?

Karim Kal saisit cette rétention.

Ces aplats et bricolages de fortune qui recouvrent inlassablement de leurs fonds de peintures et de leurs enduis gras les cadres d'expression et les espaces de rencontres ; menus travaux en tout genre lissant à l'économie ce qui viendrait troubler l'ordre dicté par une esthétique précaire.

Ce que cette retenue suggère à la stylistique de l'existence, Karim Kal veut le révéler, ses dérives, ses échappées tout autant. Photographiés au flash, les murs sont pris dans leur état de proximité, les sols dégagés de perspectives ; contenues dans un présentisme sensible, ces images échaffaudent une poétique de l'« ici-maintenant. »

Karim Kal a tiré cette nouvelle série d'un corpus plus vaste qu'il a réalisé deux années durant, arpentant la périphérie lyonnaise. Après la Haute-Savoie où il a grandi, Grenoble, Genève, Paris et, de là, des voyages qui ne sont pas étrangers à sa biographie, Alger, Cayenne... Karim Kal aiguise toujours le regard qu'il porte sur la complexité migratoire et son historicisation. Aux logements sociaux sont venues s'ajouter ici les prisons, pour trouver dans le confinement ce qui serait la juste distance, pour pénétrer l'opacité et ses indices et, au-delà de l'autorité, déceler encore une possible poétique intersticielle.

Perspective du naufrage

Par Michel Poivert
In Karim Kal, Perspective du naufrage, Éditions ADERA, 2010