Texte issu de la feuille de salle de l'exposition collective Des attentions
Texte issu de la feuille de salle de l'exposition collective Des attentions, par Hélène Meisel, 2019
Le Crédac - Centre d'art contemporain d'Ivry
Commissariat : Brice Domingues, Catherine Guiral et Hélène Meisel
Le Crédac - Centre d'art contemporain d'Ivry
Commissariat : Brice Domingues, Catherine Guiral et Hélène Meisel
Laurence Cathala redresse le plan du livre à l'échelle du mur, donnant au récit l'ampleur d'une fresque.
La Troisième Version assemble plusieurs écrits, dont la diversité graphique – notes manuscrites et pages typographiées – affiche différentes natures de textes, suggérant la présence de plusieurs auteurs venus d'époques différentes. Au centre, figure la double page d'un livre, qu'on imagine issu d'un roman d'anticipation plutôt catastrophiste : au cœur d'une tourmente environnementale avancée, l'auteure (anonyme) rapporte la déperdition de l'écriture et la disparition du livre au profit d'une oralité, grippée par des périodes de mutisme. Ce scénario rappelle celui imaginé en 1953 par Ray Bradbury pour Fahrenheit 451, où l'éradication de l'imprimé entraînait la formation d'un maquis d'« hommes-livres » chargés de mémoriser certains ouvrages dans leur entièreté. Le retour d'une oralité, dépêché par des mutations technologiques, évoque également l'essai de Marshall McLuhan La Galaxie Gutenberg, qui pensait, en 1962, que la contagion de la télévision anéantirait l'imprimé. Or, l'avènement du livre imprimé à la Renaissance (avec Gutenberg) avait déjà déclenché de grandes réticences quant au contrôle et à la validation d'idées amenées à être reproduites et diffusées plus largement. Si le petit écran n'a pas tué l'écrit, la question s'est à nouveau posée avec l'avènement de l'informatique et d'internet.
Cette fiction centrale est environnée de notes marginales : des commentaires qui émaneraient d'un lecteur, lancé dans une interprétation de texte proche de l'herméneutique des écritures saintes ou des prophéties, et dont les interrogations, les hypothèses et les approximations signalent des hésitations quant à ces civilisations passées. La disparition de l'imprimé aurait-elle généré des amnésies, des lacunes dans la transmission des savoirs ?
La Troisième Version fait suite à La Première Version et La Seconde Version, deux textes eux aussi annotés et désolidarisés de l'objet livre, venant flotter à la surface du mur. Dépourvu de ponctuation, le texte central semble avoir été transcrit par dictée. Les slashs (barres obliques) qui le rythment fonctionnent comme les annotations d'une partition et localisent les pauses mentales que ferait spontanément un lecteur silencieux. Le récit évoque le désir de reprendre voix, et suggère la possibilité d'une résistance qui s'organise face à ce que l'on pourrait décrire comme la civilisation des programmes.
La Troisième Version assemble plusieurs écrits, dont la diversité graphique – notes manuscrites et pages typographiées – affiche différentes natures de textes, suggérant la présence de plusieurs auteurs venus d'époques différentes. Au centre, figure la double page d'un livre, qu'on imagine issu d'un roman d'anticipation plutôt catastrophiste : au cœur d'une tourmente environnementale avancée, l'auteure (anonyme) rapporte la déperdition de l'écriture et la disparition du livre au profit d'une oralité, grippée par des périodes de mutisme. Ce scénario rappelle celui imaginé en 1953 par Ray Bradbury pour Fahrenheit 451, où l'éradication de l'imprimé entraînait la formation d'un maquis d'« hommes-livres » chargés de mémoriser certains ouvrages dans leur entièreté. Le retour d'une oralité, dépêché par des mutations technologiques, évoque également l'essai de Marshall McLuhan La Galaxie Gutenberg, qui pensait, en 1962, que la contagion de la télévision anéantirait l'imprimé. Or, l'avènement du livre imprimé à la Renaissance (avec Gutenberg) avait déjà déclenché de grandes réticences quant au contrôle et à la validation d'idées amenées à être reproduites et diffusées plus largement. Si le petit écran n'a pas tué l'écrit, la question s'est à nouveau posée avec l'avènement de l'informatique et d'internet.
Cette fiction centrale est environnée de notes marginales : des commentaires qui émaneraient d'un lecteur, lancé dans une interprétation de texte proche de l'herméneutique des écritures saintes ou des prophéties, et dont les interrogations, les hypothèses et les approximations signalent des hésitations quant à ces civilisations passées. La disparition de l'imprimé aurait-elle généré des amnésies, des lacunes dans la transmission des savoirs ?
La Troisième Version fait suite à La Première Version et La Seconde Version, deux textes eux aussi annotés et désolidarisés de l'objet livre, venant flotter à la surface du mur. Dépourvu de ponctuation, le texte central semble avoir été transcrit par dictée. Les slashs (barres obliques) qui le rythment fonctionnent comme les annotations d'une partition et localisent les pauses mentales que ferait spontanément un lecteur silencieux. Le récit évoque le désir de reprendre voix, et suggère la possibilité d'une résistance qui s'organise face à ce que l'on pourrait décrire comme la civilisation des programmes.