Représenté par la Galerie EIGEN+ART, Leipzig, Berlin
et la Galerie Lelong & Co., Paris, New York
Marc Desgrandchamps
Né en 1960
Vit et travaille à Lyon
« Cela fait une quarantaine d’années que je peins. Sur cette période mes peintures ont traversé différents avatars, différents états de matière, allant du solide constructiviste au fragile délité. C’est arrivé sur le temps long, lentement, avec parfois quelques à-coups, dans le cadre d’un travail quotidien.
Pour définir mes tableaux, on dit souvent qu’ils sont figuratifs, c’est-à-dire qu’ils représentent la réalité extérieure. C’est vrai car je m’inspire de choses vues. C’est faux car cette réalité restituée en peinture se plie aux contraintes du médium appliqué sur une toile, surface plane limitée dans l’espace.
Les motifs importent moins que la matière picturale qui les constitue. Les compositions sont structurées de manière géométrique, avec des lignes récurrentes d’un tableau à l’autre, horizontales, verticales, diagonales. La ligne d’horizon vient scinder la surface entre deux plans, ceux du ciel et du sol.
Je travaille d’après des photos que je prends ou que je récupère sur internet et dans la presse. Cependant, la majeure partie de mes toiles est issue de photos personnelles. La photo me permet de retenir et garder en vision un état transitoire de la réalité, un état stimulant au moment où j’appuie sur le déclencheur. Souvent plusieurs images sont à l’origine d’une peinture. Quand je travaille, je les regarde sans les regarder, de manière flottante. Elles sont là comme sources mais ce qui survient sur la toile ne les concerne plus vraiment.
En premier, je peins un fond que l’on peut qualifier d’abstrait avec une séparation horizontale entre deux plans, cette ligne d’horizon que j’ai précédemment mentionnée. Puis j’essaye d’élaborer un site, un lieu, souvent construit à partir de paysages vus et traversés autrefois ou plus récemment. Par exemple, j’aime bien les sites archéologiques vus sous le soleil, très beaux et très déceptifs car cassés et ruinés par le temps, ils sont perceptibles à l’état de fragments, fragments de mur ou statue. Cela incarne l’idée d’une vision fragmentée et elliptique du monde, vision essentielle à mes tableaux par ce qu’elle implique le négatif de toute présence, c’est-à-dire le manque et l’absence. Quand le site existe sur la toile, soit je le laisse tel quel et il demeure paysager, soit je représente des figures qui l’occupent ou le traversent. »
Marc Desgrandchamps, 2024