Max Bondu
Dossier mis à jour — 04/07/2024

The Rosen Association

The Rosen Association

Écrit en 1968 par Philip K. Dick, le roman de science-fiction Do androids dream of electric sheep ? [Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?] décrit un monde post-apocalyptique. L’histoire prend place en Californie et dépeint une société colonisatrice en tension avec l’omniprésence d’androïdes de plus en plus semblables aux humains et qui peu à peu échappent au contrôle de ces derniers. La puissante compagnie de biotechnologies maîtresse de leur production porte le nom Rosen Association et exerce des pressions lobbyistes sur le gouvernement afin de maintenir le développement de nouveaux modèles encore plus "humains".

En demandant à Brent Martin, architecte basé à Los Angeles, de produire des plans de construction du siège et centre de recherche de la Rosen Association, Maxime Bondu positionne l’anticipation dans une réalité engagée et place l’œuvre entre document d’archive fictionnelle et projet spéculant sur la préfiguration possible d’une réalisation. Sur un scénario d’expansion établi par l’artiste, l’implantation du projet s’intègre à un urbanisme existant en prenant comme point de départ le Dodger Stadium de Los Angeles (le plus grand stade de baseball au monde), lui-même construit sur le territoire vacant laissé par le déracinement mouvementé de la communauté hispanique de la localité de Chavez Ravine.

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Installation, rhodoïde, verre 120 x 95 cm, cyanotypes, 300 x 150 cm, maquette en bois, 120 x 95 x 45 cm, 2014

En collaboration avec Brent Martin


Vues de l'exposition Was erzählt die Romandie ?, Galerie Häusler Contemporary, Zurich, 2019

Dans le projet Rosen Association (2012) réalisé avec l’architecte Brent Martin, l’artiste fait [...] œuvre de réemploi. Il utilise une technique ancienne de reprographie, le cyanotype, qui consiste à exposer à la lumière un papier recouvert d’une substance photosensible et couverte du calque de l’image à reproduire. Le tirage obtenu est d’un bleu caractéristique qui signe une époque, celle antérieure au développement de la numérisation et de l’informatique. L’artiste s’est ainsi réapproprié cette technique tombée en désuétude pour reproduire le plan de construction livré par Brent Martin, pour le siège de la Rosen Association à Los Angeles. Un nom évocateur pour les amateurs de science-fiction puisque cette société fictive, qui fabrique des androïdes au service des humains, apparaît dans le roman de Philip K. Dick Do Androids Dream of Electric Sheep ?, mieux connu sous le nom de son adaptation cinématographique Blade Runner. [...]

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Bondu outrepasse ici les sources qu’offre le roman pour imaginer l’implantation de cette entreprise aujourd’hui. L’auteur américain ne donne aucune description physique du bâtiment de la Rosen Association, ni aucune indication historique sur sa fondation et son développement. C’est l’artiste qui les déduit, de manière spéculative, par une observation fine du contexte industriel actuel et de la réalité géographique de la ville de Los Angeles. Il en tire une histoire fictive mais probable de la création et de l’évolution de la Rosen depuis les années 1990, support destiné à aiguiller l’architecte dans la conception du plan. La fiction de K. Dick se fraie ainsi un ancrage dans le réel. Bondu considère le roman d’anticipation comme une source valable pour une reconstitution historique, l’essentiel étant de venir faire sens par rapport à ce qu’il y avait précédemment. Il entretient volontiers une incertitude sur ce qui est de l’ordre du réel et ce qui est de l’ordre de la fiction, reprenant à son compte la polysémie du terme histoire, qui évoque autant une narration fictive que l’enchainement supposé objectif des événements passés. Le plan de la Rosen pourrait être une archive de Philip K. Dick ou un projet d’implantation réel de la société. Le cyanotype de Maxime Bondu vient en tout cas combler un vide laissé par le roman.

— Extrait du texte Données mouvantes pour réponse incertaine, Hanna Alkema, 2012
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Vue de l'exposition À la lumière du jour, Rosa Brux, Bruxelles, 2013