Maxime Lamarche
Dossier mis à jour — 07/09/2017

Spin-off, 2014

Spin-off, 2014
Maison du Livre, de l'Image et du Son, Villeurbanne

Dérouler l'exposition, texte de Judicaël Lavrador pour l'exposition
Au cinéma ou à la télévision, un spin-off met en scène un personnage qu'on a déjà vu dans un précédent film, une précédente série. Ce n'est pas du tout une suite, c'est plutôt une autre tranche de vie qui est ainsi offerte au personnage. Ici, dans l'exposition, le protagoniste "spiné" (si on peut dire), c'est l'automobile. L'exposition la met en scène dans un autre cadre, un autre état aussi que celui, viril et sauvage, tonique et bruyant, que lui réserve habituellement le cinéma américain. Et d'abord ce cadre-là, le tout premier, celui du garage, quand le mécano approche les rouages de la bête en mettant les mains dans le cambouis. Ce dont précisément ne se prive pas le jeune Maxime Lamarche : la production de ses propres pièces constitue, de bout en bout, une part déterminante et obsédante de sa petite entreprise. En l'occurrence, le bras mécanique et pneumatique (Burn-out), petite prouesse technique, prouve combien ça tourne rond dans son atelier. 

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Mais, il y a désormais, ici, à travers ce pneu agrippé au poteau, quelque chose de grippé dans l'automobile. Tournant en boucle et solitaire, rasant les murs de trop près, ralentissant par endroits avant d'être repris d'une soudaine impulsion, la roue ne véhicule plus rien, ni personne. Au contraire, elle vient chasser les spectateurs, défend son pré carré. Folle et esseulée, elle évoque aussi la division des tâches qui a cours dans l'industrie automobile. Le travail au XXe siècle était aussi morcelé que les pièces détachées, fabriquées et assemblées à la chaîne. Le culte de l'automobile, on le voit, n'est pas tout à fait le ton de l'exposition. A moins d'admettre que c'est un culte funéraire : remisée dans une salle à part, garée au garage de l'histoire (du ciné), la sculpture Firebird est le fantôme de ces lieux. Un spectre figé : le voile, moulé dans la résine, est un trompe-l'œil et ne vole à aucun vent. Mais cette silhouette de bagnole peut quand même encore se bouger : la preuve avec les trois affiches qui la montrent en plein air. 
Ces posters, de même que le caisson lumineux, rappellent que Maxime Lamarche ne se soucie pas uniquement de la phase de production de ses projets. L'enveloppe publicitaire (ou marketing ou communicante...), devenue aussi décisive en art qu'ailleurs, constitue pour lui un matériau, une forme, un support de création en soi. Ces posters donc, et le caisson, sont des supports standards de l'univers automobile (ils ont leur place dans les garages, devant les stations-service...). Que met en lumière le caisson ? La roue, éclatée, en bout de course, laissée au bord de la route, et pas n'importe laquelle, celle que les road-movies américains ont arpenté fébrilement, à toute berzingue, cette route en droite ligne, menant vers l'horizon et le soleil couchant. Arrêt sur image, sur un mythe crevé. Or, qu'est-ce que crève aussi cette exposition qui tourne autour de l'automobile, ou plutôt qui fait en tourner bourrique ses différents accessoires ? L'habitude de l'art de se référer à l'art (du passé), cette manie crispante de l'art (mais pas que) de se référer aux grands films de cinéma américain, à ses standards, à ce recyclage des icônes des sixties, à cette manière nostalgique qu'a le passé de hanter le présent pour mieux l'encombrer. Ce que le journaliste Simon Reynolds nomma, dans son livre, la "Rétromania". Et ce que l'exposition prend à rebours.

Burn-out, 2014
Acier, armoire électrique programmée, jante aluminium, moteur électrique, fibre de carbone, 277 x 50 x 60 cm
Sans titre, 2013
Moulage, résine polyester, fibre de carbone noir
25 cm diamètre
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"Ces posters, de même que le caisson lumineux, rappellent que Maxime Lamarche ne se soucie pas uniquement de la phase de production de ses projets. L'enveloppe publicitaire (ou marketing ou communicante...), devenue aussi décisive en art qu'ailleurs, constitue pour lui un matériau, une forme, un support de création en soi. Ces posters donc, et le caisson, sont des supports standards de l'univers automobile (ils ont leur place dans les garages, devant les stations-service...). Que met en lumière le caisson ? La roue, éclatée, en bout de course, laissée au bord de la route, et pas n'importe laquelle, celle que les road-movies américains ont arpenté fébrilement, à toute berzingue, cette route en droite ligne, menant vers l'horizon et le soleil couchant. Arrêt sur image, sur un mythe crevé." [...]

Extrait de Dérouler l'exposition, par Judicaël Lavrador, 2014

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Firebird, 2014, Saint-Chamond
3 exemplaires
Tirage jet d'encre sur papier 120 g, 4 plis croisés, Encadrement : médium, verre, 100 x 70 cm

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© Adagp, Paris