Représenté·e par la Galerie Heinzer Reszler, Lausanne
et The Merchant House, Amsterdam
Mengzhi Zheng
Né⋅e en 1983
Vit et travaille à Lyon et Paris
« Mengzhi Zheng évolue à la confluence de la peinture, de la sculpture et de l’architecture. Le va et vient est constant entre la seconde et la troisième dimension. On passe du dessin à la sculpture imperceptiblement. Ses sculptures sont des dessins dans l’espace. Comme pour le dessin - le blanc de la page étant infini - elles n’ont pas d’échelle.
Une des sources de son travail réside dans une observation des villes et de leurs constructions hétéroclites, de leurs aspects vernaculaires et de leur vétusté. […]
Son autre source de référence se trouve dans l’histoire de l’abstraction moderniste qu’il remet en jeu avec une façon de voir et de penser toute contemporaine.
Si ses créations peuvent être interprétées comme de nouveaux avatars de la sculpture constructiviste, (Souvenons nous que De Stijl prônait la résolution de la peinture dans l’édification de la cité), ses collages et ses lithographies attestent la revendication de cet héritage. Mais on prend aussi immédiatement conscience en les observant que ce sont bien des œuvres de notre temps. Qu’il s’agit d’un regard actuel porté sur le monde d’aujourd’hui.
Nous sommes loin des dogmes et des affirmations péremptoires des débuts du XXe siècle, mais plutôt dans le vacillement d’une interrogation sur un monde sans certitudes. Dans une sorte d’éloge de la fragilité.
Les petites formes qu’il bâtit se caractérisent par une invention sans contraintes, par leur aspect spontané, par la ténuité d’une esquisse. Pour avoir la rapidité d’exécution du dessin, il s’entoure d’abord, sur sa table de travail, à portée de main, de tous les matériaux qui sont susceptibles d’entrer dans la composition et travaille à la colle thermo-fusible pour que la prise soit instantanée. Le travail se fait sans repentirs. Chaque pièce résulte donc d’une improvisation et entraîne la suivante. […]
Cette série qui se développe année après année porte le titre générique manifeste de « Maquettes abandonnées ». Ces architectures colorées sont autant de propositions picturales légères, composées dans l’espace. Leur absence d’échelle en fait autant d’édifices mentaux. Elles parviennent à concilier construction et immatérialité, édification et flottement, bâti et impondérable. […]
Parfaitement construites, elles ont néanmoins la qualité de ces peintures chinoises traditionnelles qui, échappant aux lois occidentales de la perspective, permettent à l’œil d’y pénétrer par de multiples accès. Les matériaux qu’il utilise pour ses constructions impondérables sont des éléments de rebut, des fragments de cagettes, des chutes de cartons, des papiers de récupération. Reliquats de peu d’importance. Notre modernité est bien là, entre l’utopie et la construction précaire, l’invention et la récupération.
Un monde qui balance entre ciel et eau, entre cabane et esquif, entre utopie et réalisme, entre la grâce du geste artistique et l’abri d’urgence. On peut déceler là comme une tentative d’imaginer un avenir incertain, en constante reformulation. » […]
Extrait de Frêles esquifs, Hubert Besacier, 2018