Représenté⋅e par Art : Concept, Paris
et Skopia, Genève
Pierre-Olivier Arnaud
Né⋅e en 1972
Vit et travaille à Lyon
« Diplômé des Beaux-Arts de Saint-Étienne en 1996, Pierre-Olivier Arnaud a exposé dans de nombreux lieux en France et en Europe, comme Le Magasin de Grenoble, le Printemps de Septembre à Toulouse, le CAP de Saint-Fons, l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, le Mamco de Genève, la Kunstakademie de Stuttgart…
Bien que son travail soit éminemment photographique, il se décrit davantage comme un artiste qui réfléchit par le moyen de la photographie. Ses œuvres questionnent inlassablement la nature de l’image, son essence et sa production aussi bien que son mode de diffusion et de consommation. Prolongeant la réflexion de Walter Benjamin sur la perte d’aura de l’œuvre du fait de sa reproductibilité technique, l’artiste produit des photographies à rebours de tout effet spectaculaire, des images qu’il soumet autant à de multiples manipulations (désaturation, recadrage, effets de floutage, passage en négatif) qu’au spectre de leur propre disparition.
Depuis ses débuts, P-O Arnaud ne travaille qu’une seule et même couleur, le gris. Il passe ainsi invariablement les images qu’il crée ou qu’il prélève (publicités, journaux, etc.) à ce qu’il définit comme « un gris optique, indifférencié », dans une opération qui participe activement à son entreprise de « désublimation », produisant en retour une forme d’étrangeté fantomatique. Si ses premières photographies se focalisent sur des détails (un bord, un angle, un coin) où le sujet n’est jamais clairement identifiable, les formes commencent à faire peu à peu surface. […]
Pierre-Olivier Arnaud est aussi un promeneur, qui, au hasard de ses dérives, entreprend de photographier des espaces urbains génériques et désaffectés en prenant soin d’évacuer tout signe permettant leur localisation, qu’elle soit spatiale ou chronologique. Envisageant le modernisme tardif comme une « promesse déchue1 », il sillonne les pays de l’ex-bloc soviétique à la recherche de ses manifestations tout autant que celles d’hôtels portant la même appellation (Hôtel 2000, 2006 et Projet Cosmos, 2009).
Qu’elles soient simplement contrecollées au mur ou empilées au sol, ses images « sans qualité », imprimées sur des support périssables, sont toujours guettées par l’entropie. »
1 La partie amère de ces délices, par Jill Gasparina, in Éditions ADERA, 2009
Extrait de la notice de Mathieu Loctin pour l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, octobre 2012