Pierre-Olivier Arnaud
Dossier mis à jour — 22/09/2010

Textes

Entretien

Par Jérôme Dupeyrat, 2017

Un-Deux-Trois-Soleil

Par Lionnel Gras
In Entropie, Éditions Head-Genève, 2014

La partie amère de ces délices

Par Jill Gasparina
In Pierre-Olivier Arnaud, Éditions ADERA, 2009

Matière grise, portrait de Pierre-Olivier Arnaud

Par Mathilde Villeneuve
In ZéroQuatre n°1, automne/hiver 2007-2008

Under explosure

Par Marie de Brugerolle
In Rendez-vous 07, Co-édition ENSBA Lyon, IAC Villeurbanne / Rhône-Alpes, macLYON, 2007

Condensations

Par Marie de Brugerolle
In Mirror Ball, Institut français de Stuttgart et Art3 Valence, 2005

Entretien avec Pierre-Olivier Arnaud

Par Sylvie Vojik
Réalisé pour l'exposition à Néon, Lyon, 2003 

Sylvie Vaujik : Tu travailles à partir du médium photographique. Tu réalises des images en noir et blanc d'espaces. Comment choisis-tu ces espaces ?

Pierre-Olivier Arnaud : A l'origine on peut dire que mon travail était strictement photographique, dans le sens où il s'agissait effectivement de "captures", de prises de vue, que je réalisais lors de promenades, à ce moment là, les photographies produites étaient des rencontres entre des lieux et moi. Je ne choisissais pas vraiment ces lieux, j'étais plutôt intéressé par le fait qu'au cours d'une promenade ils apparaissaient et semblaient être présents déjà comme des images. Ce que je retiens maintenant de ce travail, ce sont les promenades, ces déambulations dans la ville, comment je m'y déplaçais, comment je l'arpentais, cherchais comme une mesure, ou des lieux à partir desquels je travaillais. Sachant aussi que petit à petit je cherchais des lieux strictement génériques, qui ne caractérisent pas une ville, une situation, que l'on peut rencontrer dans chaque ville occidentale en fait. Partant de là, la question devenait vraiment, d'où, mais aussi comment et au travers de quoi vois-je, comment se constitue donc le regard et au delà ou en deçà l'image.
Ces images capturées sont pour la plupart urbaines. La ville devient un sujet d'explorations mais même plus ce qui influence l'un ou l'autre, comment la ville façonne ou même invente au 19e, par son mouvement, l'idée du cinéma, et comment maintenant, dans la ville, nous pouvons voir sans doute 24 images à la seconde. Dans ce cas-là, je pense vraiment la ville comme un dispositif cinématographique, quelque chose entre la camera et l'écran. Evidemment ce qui m'intéresse c'est cela, où sommes-nous quand on est dans l'un et dans l'autre, dans l'enregistrement, la fabrique et le lieu de réception ?

S.V : L'espace et le temps concernent particulièrement la photographie. Depuis deux ans, tu associes à tes images photographiques des sculptures aux formes génériques. Ton travail s'oriente plus précisément autour des appareils de vision. Comment s'organise cette bipolarité entre des images en deux dimensions et les images construites en trois dimensions ?

P-O.A : Oui ce sont sans doute des images dans les deux cas, même si c'est paradoxal. Une maquette c'est une image. Quand je réalise des sculptures ou des maquettes, je pense que je travaille comme en photographiant, j'essaie d'isoler les lieux ou les objets et tente de les reconstituer. C'est toujours essayer de se mettre dans un entre-deux où le regard se dédouble, on est toujours placé face à un objet visuel et en même temps à sa propre constitution.

S.V : Pour l'exposition à Néon, tu présentes de nouveaux travaux qui continuent ce questionnement autour du processus de la vision. Tu t'es intéressé à Palo Alto, ce site que Muybridge a fait construire pour y inventer la chronophotographie. Pourquoi cet intérêt et le choix de réaliser un wall drawing ?

P-O.A : C'est juste déplacer l'image dans l'espace, et la rendre "praticable", comme une projection, ce n'est qu'un espace projeté deux fois, sur le mur, depuis une image existante à partir de laquelle je reconstitue la maquette du site, une modélisation, puis dans l'espace du spectateur, le sien, celui de son regard, son propre espace projectif.

S.V : Deux maquettes sont présentées dans l'exposition. La première est la reconstitution du site de Palo Alto, la seconde celle d'un stand de tir à partir duquel tu as réalisé des images photographiques et imprimées jet d'encre. La forme de ces deux sites est proche notamment dans la matérialité choisie pour leur réalisation. Pour toi, à quoi correspondent ces formes et comment les regardes-tu ?

P-O.A : Je les regarde comme une analogie de l'une à l'autre. Elles sont construites pour produire de la vision, de la précision, de la mécanique, ce sont des lieux qui ont pour objectif de voir mieux qu'on ne le peut. Ce sont à peine des architectures mais plutôt des dispositifs, des machines, du design.
L'exposition prend pour modèle l'exposition ou le projet d'architecture où tout est toujours à projeter, où les images ont des statuts différents aussi, à la fois des documents et des projections, on pourrait dire des prospectives (?).
Ici cela devrait procéder de la même manière et dans les deux sens, les maquettes sont réalisées d'après les photographies et en même temps les photos sont comme des textures que l'on pourrait appliquer aux maquettes. De telle sorte que l'on ne sait plus ce qui formate ou modélise quoi.