Rémy Jacquier
Dossier mis à jour — 18/12/2024

Pavillons

Pavillons, 2001-2018
Techniques mixtes, dimensions variables

"Le Pavillon Deligny est le premier et plus important « volume architectural » d'une série commencée vers 2001. Le point de départ était une réflexion sur le dessin et sur l'atelier. Dans la pratique du dessin, je ne cesse de passer du plan horizontal au plan vertical. Je dessine au sol mais accroche régulièrement la feuille pour voir ce que ça donne. Puis remets au sol. Efface. Recommence... Je m'interrogeais donc sur ce basculement et sur ce que cela pouvait produire. Comment matérialiser ce basculement ? J'ai donc produit une première « maquette » d'un possible atelier à l'intérieur duquel le plancher basculerait pour passer du plan horizontal à un plan incliné. D'un point de vue formel, je choisis un vocabulaire architectural évoquant l'architecture industrielle. C'était un atelier, donc un lieu de fabrique." — Rémy Jacquier

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Pendant ce processus, je m'étais intéressé à Fernand Deligny, aux lignes d'erre... Le lien entre parcours créés par la maquette et parcours des lignes d'erre me semblait évident. J'avais également décidé de donner des dimensions à la maquette équivalentes à celles d'un corps (150 x 180 x 150 cm environ) jouant la possibilité d'un trouble entre une présence physique du volume et la projection mentale inhérente à toute maquette d'architecture. Entre un extérieur massif et monolithique et un intérieur en déséquilibre, faisant écho à la psychiatrie entre corps mutique et déséquilibre intérieur. Le mot de Pavillon me semblait également intéressant dans sa double acceptation architecturale en tant que petite construction et en tant que bâtiment hospitalier. Chacune des maquettes reprenant ce terme comprend ce rapport au trouble, à la psychiatrie. Pour moi ce sont presque des portraits architecturés de différentes personnes ayant eu à faire avec le monde de la psychiatrie (Deligny, Nijinski, Parker...).

Venant après le Pavillon Deligny qui jouait sur le trouble entre intérieur et extérieur, le Pavillon S.T. joue sur la possibilité de troubler les échelles puisqu'il s'agit à la fois d'un agrandissement d'une planche anatomique (intérêt pour l'oreille interne en tant qu'organe de l'équilibre et de l'orientation), d'une réduction en tant que maquette et de volume à échelle 1 puisque la hauteur correspond à ma taille (1m80). On ne sait donc plus devant quoi l'on est exactement. Le titre de Pavillon renvoyait en plus des deux acceptations dites auparavant, au pavillon de l'oreille. J'avais longuement hésité sur le titre. Je pensais d'abord l'intituler Pavillon Wölfli, en rapport avec Adolf Wölfli, son intérêt pour la chose musicale, la figure récurrente de l'oreille dans ses dessins... Je l'ai finalement intitulé Pavillon S.T. (pour Sans titre) ce qui lui donne une connotation plus générique car l'oreille est aussi importante dans les représentations des artistes de l'art brut.

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Pavillon Deligny

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Parker #04

Parker #07

Parker #08

Parker #09 - Photo : © François Maisonnasse

Le point de départ des Pavillon Parker est une petite maquette d'étude que j'avais faite pour la série Cabaret Diderot. Posée à l'envers, elle offrait une configuration inédite. Je décidais donc (moi qui aime bien les contre-pieds) de faire exactement l'inverse de ce qu'il se passait dans les maquettes du Cabaret Diderot : blanches au lieu de noires, aérées au lieu de compactes... À partir de là, le jeu était de faire des variations (au sens musical) en faisant pivoter chacun des niveaux pour créer de nouveaux parcours. Cela à donné trois maquettes différentes. Puis j'ai superposé les plans de chacune de ces trois maquettes pour en faire trois nouvelles. Puis de nouveau superposition des plans... Cela afin de donner de plus en plus d'expansion au volume et atteindre le maximum de complexité jusqu'à perte des repères et des possibilités de suivre les parcours. Il s'agissait ici de faire écho aux variations à partir d'un thème, telles qu'on les retrouve dans la musique jazz et chez Charlie Parker en particulier.

— vues d'atelier

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— expositions

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© Adagp, Paris