Manque de Mordant s’empare du concept de "collection vivante", mêlant collection personnelle et héritage colonial. Au cœur de l’œuvre se trouve l’archive personnelle de Sandler — un assemblage de dents, d’os, de verre brisé, de tissus et de céramiques — qui constitue la matière des œuvres.
S’appuyant sur la notion de "musée métabolique" de Clémentine Delisse (The Metabolic Museum, Hatje Cantz, 2020), Manque de Mordant examine les collections muséales comme des corps incomplets — réservoirs de mémoire et d’identité fragmentées, […] les objets ne peuvent représenter le tout, tout comme un organe seul ne peut incarner l’ensemble du corps. Sandler étend cette métaphore biologique au corps physique. Elle se concentre sur les dents, élément essentiel de la digestion, symboles d’adaptation et de digestion psychique et objet récurrent de sa collection.
Ces reliquaires intimes dialoguent avec des pastels sur feutrine, extraits d’une mosaïque d’articles de presse abordant le débat complexe autour de l’inauguration du musée Humboldt Forum de Berlin et du statut contesté de ses collections. Cette exposition précède une résidence d’un an et demi au Linden-Museum de Stuttgart, où Sandler abordera la question de l’héritage colonial.