Sébastien Maloberti

Dossier mis à jour — 14/11/2018

Né⋅e en 1976

Vit et travaille à Clermont-Ferrand

Représenté·e par la Galerie Louis Gendre, Chamalières

/

« Appréhender l’art de Sébastien Maloberti invite à reconsidérer la manière dont chacun envisage son rapport avec les images, dans un monde où celles-ci s’imposent un maximum de clarté, pour un maximum de retour sur investissement. Les “images” réalisées par l’artiste revendiquent quant à elles la transparence, l’évanescence et l’effacement vis-à-vis des sens. Dépourvues de centre, elles ont la particularité de s’oublier rapidement : en tant qu’images subliminales, elles ne produiraient aucun effet. Ce n’est pas pour autant qu’elles laissent indifférent en tant qu’œuvres d’art. Bien au contraire, leur évanescence interpelle et nous pousse à une seconde lecture/analyse plus approfondie que la première (souvent passive), pour tenter de comprendre ce qu’elles renferment et ce qu’elles émettent.

Il est plus précisément question ici de ses œuvres les plus récentes, une série d’impressions U.V. sur de très fins supports de bois, réalisée à partir d’images trouvées, retouchées mais dont l’origine sémantique - ou le sujet, s’il en est - s’évapore et se dérobe au regard. (…) Ses travaux ont un rapport plus intime avec la cécité qu’avec la précision d’un œil scrutant et révélant un contenu. En atteste la présence significative de nombreux halos ou faisceaux lumineux, l’apparition dans le néant d’une lumière éblouissante, affaiblissant l’acuité du regard. (…)

Les couleurs utilisées semblent elles-aussi inqualifiables, elles se dérobent et fusionnent en une non-couleur oscillant entre le gris/blanc, le plus clair et léger des bleus, le plus rosé des rouges, tendant vers le blanc qui, comme chacun le sait, n’est pas une couleur mais, ainsi que l’a théorisé Newton “la teinte obtenue en mélangeant la lumière de toutes les couleurs”. Ces couleurs masquent les sujets “figuratifs” derrière des voiles presque opaques, ne laissant apparaître que les aspérités accidentelles du support. Alors que l’on s’imagine voir des flammes, il s’agit en réalité de détails de vagues augmentés et dès lors, méconnaissables. Comme le montre Blow up de Michelangelo Antonioni, ce ne sera pas l’agrandissement de l’image qui permettra d’y voir plus clair. » (…)

Extrait de texte de Benoît Lamy de la Chapelle, 2016