Tourner la carte
Tourner la carte, 1999
5'49, couleur, sonore
[...] "Tournées en une prise, sans effets ni fioritures, les vidéos d'Anne Marie Rognon nous entraînent dans un univers où l'humour décalé, une écriture sur le fil et des tours de passe-passe dominent, pour mieux servir des histoires où la dérision et l'absurde sont légion. Si la simplicité des plans, des décors et du ton peut faire croire à une certaine naïveté, il n'en est plus question dès que la voix se fait entendre ; rauque, douce ou rapide, elle mène la danse. Dans Tourner la carte (1999), le caractère quasiment amateur du film, l'apparente absence de montage associé à l'étrange commentaire que l'artiste nous livre, l'air de rien, est symptomatique de son utilisation de la vidéo et de la bande sonore. Le film présente un plan séquence tourné depuis la fenêtre d'un appartement. On y entend une voix off décrire les scènes de la rue. Cependant on s'aperçoit vite que la description est en fait une divination : la parole de l'artiste précède en effet l'action de la rue. Il y a un « truc » bien sûr, mais l'inventivité, la drôlerie et la simplicité du film dépassent largement l'envie de le découvrir. Anne Marie Rognon qualifie ses vidéos de peintures sonores. Disons plutôt qu'elle utilise la vidéo pour le mouvement bien entendu, mais pour le son surtout qui offre des possibilités à la narration que la peinture et l'installation ne permettent pas." [...]
Extrait du texte de Léonor Nuridsany, 2006