Représenté·e par la Galerie Ceysson & Bénétière
et la Galerie Valeria Cetraro, Paris [Pétrel l Roumagnac (duo)]
Aurélie Pétrel
Né⋅e en 1980
Vit et travaille à Paris et Saint-Étienne
« Aurélie Pétrel questionne l’image photographique, ses modes de production, sa (re)présentation et son activation sous forme d’installations. Posant la notion de “partition photographique”, l’artiste impulse un travail d’écriture étiré dans l’espace et le temps, où chaque prise de vue prend son sens et se constitue en tant que création matérielle “à venir”. Ce travail de mise en mouvement de l’acte photographique tient pour Aurélie Pétrel du cheminement de l’expérience et de la pensée ; il présuppose une conscience toujours en éveil, cherchant à saisir, au gré des rencontres et des situations, de possibles voies “d’activation” de ses prises de vue. Conservées à l’état “latent” sous forme de fichiers numériques ou de tirages classés dans des boîtes Phibox, celles-ci sont, le moment venu, transposées à une échelle tridimensionnelle, l’artiste opérant un transfert de la planéité au volume et à l’architecture.
Les dispositifs conçus par Aurélie Pétrel assimilent l’espace à un savant jeu de construction où l’architecture participe d’une expérience multiple et stratifiée de la vision. Sujet omniprésent de ses compositions depuis les débuts (paysages ou éléments de mobilier urbain, bâtiments industriels, scènes d’intérieur…), l’architecture intervient de fait comme outil de définition et de structuration des dispositifs de l’artiste, à partir duquel se construit pour le visiteur un parcours d’expérience et de visibilité. Mais en connectant ainsi l’image, le système d’activation qui la supporte et l’espace d’exposition, l’architecture est aussi facteur d’indétermination, brouillant les limites entre sujet, objet et environnement. »
Extrait de Table simulation #00, #01, 2015
par Emmanuelle Chiappone-Piriou et Aurélien Vernant
« Je pose la notion de partition photographique depuis la double définition du mot “partition”. La première renvoyant d’emblée à la composition musicale et à son système de notation sur laquelle peuvent s’appuyer lectures et interprétations, la seconde, plus spécifique, relevant de la division, du partage, de la redistribution (de territoires par exemple). A partir de cette ambivalence sémantique, la notion de partition photographique peut se constituer, simultanément notation (réserve) et redistribution (non plus d’espace mais de temps). Les “prises de vues” (argentiques, argento-numériques ou numériques) sont pour moi le “degré zéro” du processus d’apparition des images en cette dynamique indexée à l’idée de partition. Elles sont en quelque sorte la phase embryonnaire d’une opération (potentielle) de développement, une “prise” littérale, à la fois prélèvement concret et appel d’un devenir (on dit une prise d’appel avant une projection, un saut dans l’à venir). Un premier temps, donc, d’avant les images, où déjà des images sont potentiellement prises (comme dans de la glace, latentes). C’est ce premier temps contenant des images en puissance d’apparition qui va être, dans l’acte et l’éta(n)t de l’exposition, redistribué, partagé, dans et selon un contexte donné, et devenir dès lors temps secondaire, non pas seulement consécutif mais composé (marqué) du temps double d’une transformation qui contient la visibilité de sa propre traçabilté temporelle (son spectre). En d’autres termes, la partition (temps 1) est jouée (temps 2) et son jeu est marqué doublement par son origine et par sa présentation. La partition, c’est sa fonction, peut être jouée à nouveau, rejouée donc, et se représenter en ces (ses) temporalités simultanées. »
Partition photographique, Aurélie Pétrel, 2014