David Lefebvre

Dossier mis à jour — 06/09/2016

Né⋅e en 1980

Vit et travaille à Grenoble

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“Des coups de pinceau lâches, une forêt se dessine telle une réminiscence, interrompue par une forme indéfinie, aux contours précis. Dans la peinture de David Lefebvre, tout un monde de dualité se joue entre figuration et abstraction, entre touche barbouillée et touche géométrique, entre visible et invisible. La genèse de son travail trouve son inspiration dans des photographies, glanées au hasard sur Internet et plus récemment dans son histoire personnelle, sur lesquelles l’artiste grenoblois vient apposer une forme géométrique, qui délimite une zone de codage. Cette retouche photographique se mue en peinture ou en dessin, desquels émergent des personnages dans des lieux naturels qui contrastent avec un vitrail alvéolé, tendant vers une épuration visuelle purement esthétique. Alors que le regard identifie clairement le décor et la scène, David Lefebvre nous perd avec ces saturations colorées. Ne se satisfaisant pas de l’imagerie du réel, l’artiste tente de peindre l’inconscient par le prisme de polynômes aux camaïeux rouges ou de quadrillages bichromiques. Si l’encodage, auparavant, supplantait un élément de la réalité, aujourd’hui le cryptage a basculé dans l’indéfini total. Dans cette quête du réel invisible, l’artiste ouvre une brèche sur l’interprétation du vrai, crée un interstice dans un espace pictural figuratif permettant à la chose refoulée de se loger : l’affect, les sentiments. Les toiles s’évertuent alors à décrire quelque chose, qui se cache ailleurs, mais sans jamais le montrer. Bien que figuratives, les œuvres de David Lefebvre flirtent donc avec l’abstraction, dans un mélange d’ambigüité tangible sur ce que l’on voit ou pas, sur le désir réprimé qui pourrait tout à coup se manifester aux creux de la tache noire, au milieu du sentier forestier. Un contraste entre une peinture de coulures et une peinture d’aplats géométriques qui permet à l’artiste d’explorer l’imperceptible et d’observer ce qu’il en reste.”

“(Dé)voiler le réel”, Charline Corubolo, 2014, Le Petit Bulletin n°933