Georges Rey
Né en 1942
Vit et travaille à Lyon
« Si on s’amusait à faire une liste des sujets évoqués dans les films de Georges Rey, de la fin des années 60 à la fin des années 70, on obtiendrait un étrange agglomérat, fait de vache, de corps nu, de punk, d’eau, de pantalon de cuir et de fleurs. Une liste à la limite du surréalisme et de l’incohérence. Or, il suffit d’un peu de chronologie pour voir apparaître au fil du temps une évidente suite. Tout est une question d’histoire, d’une décennie à l’autre, de l’utopie au désenchantement. Car Georges Rey ne se contente pas de montrer, il temporise le regard et met en scène la manière de voir. De l’instant de la rencontre subjective à sa disparition dans l’énergie du moment. »
Extrait de Crête de vache et punk de source de Hauviette Bethemont, 2010
« À travers ces films courts, sans montage, c’est une perturbation de nos habitudes que nous devons affronter : nous passer de l’appui narratif d’un scénario, gérer les errements de notre regard, chercher le véritable sujet du film. Sans doute aussi ces films laconiques nous conduisent-ils à toucher à des vérités latentes : découvrir la vie à travers l’écoulement continu d’une énergie, ressentir le cinéma comme une rencontre, nous dessaisir de notre vision première pour trouver un contenu caché. L’intensité qui traverse ces films ne passe pas par l’action, mais elle est si présente qu’elle assurera un succès à la vache du Mont Gerbier de Jonc de Paris jusqu’à New York.
Lorsqu’il pratique la photo, Georges Rey applique un principe comparable. Son étrange série des élastiques en témoigne, dont le sujet a priori anecdotique (des élastiques tombés sur le trottoir) nous donne à contempler un équilibre des forces produisant des torsions complexes, qui frappent de fragilité et de justesse. D’autres images encore saisissent des instants d’évanescence - axiome de la photographie : une architecture se répand en volutes sur un capot lustré, des fenêtres s’évadent dans un pavage de lumière. Incidence et légèreté, présentation de formes qui n’existent pas. »
Extrait de Un cinéma détaché de Françoise Lonardoni, 2021