Guillaume Robert
Né⋅e en 1975
Vit et travaille à Sergy (Ain)
Les films et dispositifs vidéographiques de Guillaume Robert inventent des dramaturgies composites aux narrations ouvertes. Le regard s’attache aux gestes, aux pratiques, aux modes d’action, de transformation, de présence et d’attention au paysage. Les occurrences filmiques de ses projets oscillent entre récit documentaire et bascule onirique, entre fable humaniste et réalisme magique. Films après films, une odyssée descriptive du pourtour méditerranéen se dessine. Les corps, les sons, l’histoire, le travail sont mis en scène dans les paysages agricoles ou naturels. Il en résulte des expériences réflexives, poétiques et purement sensitives.
La formation de Guillaume Robert est double. Après avoir obtenu une maîtrise en philosophie (Rennes 1, 1998), il a suivi le cursus de l’École des Beaux-Arts de Brest. Les recherches liées à l’écriture du mémoire en philosophie sont fondatrices de sa pratique artistique. Le mémoire s’employait à tisser des connexions entre le politique et la phénoménologie. Il s’agissait d’établir les hypothèses permettant d’envisager les enjeux pratiques et la puissance émancipatrice de la phénoménologie : la phénoménologie comme une ascèse face à l’objet-marchandise, face au spectacle ; une ascèse du regard, un déssillement, un mouvement par delà ce que la marchandise requiert de nous. Ce mouvement travaille à l’instabilisation de la lecture du monde, au profit d’un contact à l’apparaissant, au shining, à ce qui luit au présent.
Guillaume Robert a très directement poursuivi cette recherche dans sa pratique artistique, une pratique à la fois nourrie d’enquêtes sur le réel, d’immersion sur des terrains historiques, sociaux, écologiques et la mise en place d’un regard qui va fouiller par delà les circonstances, par delà le contexte, cherchant à provoquer et faire luire l’expérience souvent refoulée de la présence. Le choix du terrain et des habitants qui viennent le peupler et y prendre corps est alors primordial. Les figures émergent, installés à un carrefour où se croisent d’un côté leur invisibilité, leur inactualité, et de l’autre une puissance à faire naître par delà eux-mêmes une multiplicité d’échos au patrimoine culturel (mythologie, conte, histoire, histoire de l’art, anthropologie, politique, écologie…). Le choix du terrain et de ses figures est donc décisif, mais il ne constitue cependant qu’un soubassement, un socle permettant de bâtir en retour une expérience immersive pour le spectateur.