Marion Robin

Dossier mis à jour — 01/02/2022

Née en 1981

Vit et travaille à Paris

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« Marion Robin a une pratique artistique qui peut s’inscrire dans la poursuite d’un en-dehors : la peinture bondit hors du tableau et s’installe dans une relation à l’espace.
C’est d’abord un travail d’observation, Robin investit les lieux jusqu’à saisir un détail, le retenir, un élément qu’elle « tire » et poursuit pour réaliser son intervention. Elle peut redessiner des plans, travailler un motif, ou une gamme chromatique. L’illusion est un jeu éphémère, les lieux ne garderont pas la trace de ses interventions. Ainsi, le geste plastique se construit dans un rapport au détail qui devient puissance de transformation. C’est une pratique qui fait le choix du petit. Marion Robin saisit « l’insignifiance » des lieux. Ce faisant elle interroge notre capacité à voir.
Par ses actions, Robin réhabilite le détail, et c’est également le motif décoratif qui se trouve revisité. Elle l’inscrit dans une histoire, qui va à rebrousse-poil d’un « Ornement est crime » pour convoquer Adolf Loos. Dans ce travail de réhabilitation, il y a aussi un discret et sensible travail de réparation.
Dans le troisième mouvement, l’artiste construit un travail qui déjoue l’optique, les sols se soulèvent, les murs s’ouvrent sur des trouées étranges, faites d’inversions qui nous déplacent. Mais retenant le « faible motif », l’élément vulnérable, elle lui donne une nouvelle dimension qui lui permet de métamorphoser l’ensemble.
Son travail ressemble à ces lieux de survivance que sont les arts dits mineurs. Elle met alors à jour des souvenirs enfouis, c’est comme si ce saisissement de l’espace par l’artiste porte une intimité avec le geste de l’archéologue, qui lui aussi met à jour. » […]

Extrait de Troubler le regard, Elsa Mazeau & Marion Robin, Lucia Sagradini, Multitudes n°70, 2018