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LÀ OÙ TOUT PEUT COMMENCER
Par Sylvie Lagnier, docteur en histoire de l'art, août 2015
Pour l'exposition Geography expert, History freak, INSA Lyon, 2015
LÀ OÙ TOUT PEUT COMMENCER
Par Sylvie Lagnier, docteur en histoire de l'art, août 2015
Pour l'exposition Geography expert, History freak, INSA Lyon, 2015
IN
Par Florence Meyssonnier, 2013
Texte produit à l'occasion des expositions Art in the age of extinction, Cerbère et Portbou, 2012-2013, organisées par Shandynamiques, Commissariat Karine Vonna-Zürcher
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Par Florence Meyssonnier, 2013
Texte produit à l'occasion des expositions Art in the age of extinction, Cerbère et Portbou, 2012-2013, organisées par Shandynamiques, Commissariat Karine Vonna-Zürcher
MONDE EN MORCEAUX
À propos de trois photographies de Pascal Poulain
Par Pierre Zaoui, novembre 2010
Dans le cadre de l'exposition HIC / L'exposition de La forme des idées, Villa Arson, Centre national d'art contemporain, Nice, 2010
MONDE EN MORCEAUX
À propos de trois photographies de Pascal Poulain
Par Pierre Zaoui, novembre 2010
Dans le cadre de l'exposition HIC / L'exposition de La forme des idées, Villa Arson, Centre national d'art contemporain, Nice, 2010
LES MIROIRS AUX ALOUETTES
Par Garance Chabert, 2009
In Going Back to Cali / Sao Paulo, édition Centre d'Arts Plastiques de Saint-Fons, 2009
LES MIROIRS AUX ALOUETTES
Par Garance Chabert, 2009
In Going Back to Cali / Sao Paulo, édition Centre d'Arts Plastiques de Saint-Fons, 2009
IMAGES INTRUSES
Par Pascal Beausse, 2003
Catalogue de l'exposition Pale Fire, Édition du Centre National de la Photographie, 2003
IMAGES INTRUSES
Par Pascal Beausse, 2003
Catalogue de l'exposition Pale Fire, Édition du Centre National de la Photographie, 2003
Envahissante image. Omniprésente, surplombante, médusante image. Intruse, jusqu'au plus intime de nos vies. Incrustée dans la trame de nos imaginaires, de nos rêves, l'image recouvre le réel de son voile. Cet enveloppement génère le paradoxe d'une virtualité réelle : d'un agissement concret de l'image fictive sur la réalité vécue. D'où la multiplication des psychopathologies participant d'une confusion entre mondes imaginaire et réel. L'heure n'est effectivement plus à la reconduction, caduque, de l'ancienne dichotomie entre iconoclasme et iconodulie. Mais l'iconocrash produit par la répétition inlassable, en rotation constante depuis l'impact inconcevable, de l'encastrement des deux avions dans les deux tours, le onze septembre, n'a fait qu'entériner de manière extrême la puissance d'impact d'une image médiatique vécue dans le temps réel et global de l'iconophilie contemporaine. Cet iconocrash radical, provoquant la destruction des emblèmes, n'est que la partie saillante d'un principe imageant inscrit au cœur du fonctionnement de la surmodernité. Face à cette profusion générée par les flux médiatiques, face à une communication globalisée fondée dans son processus sur une interaction entre émetteur et récepteur, l'art n'a que peu de poids. Mais s'il est vrai que l'art a perdu depuis longtemps la primatie des représentations, il conserve malgré tout la capacité de générer une interrogation sur l'image quotidienne. Un iconoclash, c'est-à-dire une confrontation entre des régimes de représentation a priori incompatibles, et qui pourtant n'ont cessé de s'influencer l'un l'autre depuis l'irruption de la modernité, en passant à la vitesse supérieure de ces échanges permanents depuis l'avènement du Pop Art. C'est la stratégie de la critique de l'image par l'image, qui consiste à actualiser l'image ordinaire pour en déconstruire les procès de symbolisation, par le développement d'un dispositif plastique dans l'espace physique de l'exposition.
C'est ce à quoi s'emploie Pascal Poulain, tant par le biais de ses installations que de ses photographies. Pour ses installations, qui se déploient dans le lieu d'exposition en prenant la mesure d'une ou plusieurs de ses dimensions, il fait appel à un répertoire iconographique qui semble tiré de l'enfance. Il a ainsi donné pour titre à l'une de ses expositions : Ma bétonneuse, ton avion, son car. Des véhicules de transport comme véhicules de la réflexion plastique de l'artiste. Un plus petit dénominateur commun, donc, pour figurer concrètement le concept d'une image habitable, exploré ces dernières années tant dans les domaines de l'architecture 1, de la psychanalyse 2 que des nouvelles technologies. Philippe Quéau définit ce concept ainsi : "La notion "d'image habitable" est une extension du concept d'image virtuelle. Plus précisément cette notion recouvre l'idée d'une nouvelle étape de la civilisation de l'image. Après les images que l'on regarde (télévision, cinéma), et les images qu'on "lit" (écrans d'ordinateurs, consoles en tout genre), voici venir les images dans lesquelles on "habite" : de la maison de Bill Gates aux nano-peintures intelligentes, des bureaux de travail en "réalité augmentée" aux bulles virtuelles de la "réalité mixte"..." 3. Développé dans le champ des nouvelles technologies, cette notion tend à définir le véritable statut de l'image virtuelle : une image qui autorise une action sur et dans la réalité - une réalité augmentée, où l'image se superpose au réel.
Avec des moyens sommaires, Pascal Poulain produit des images entendues comme signes, voire comme signalétiques, qui, si elles font appel à l'informatique lors de leur réalisation, s'étendent bien concrètement dans l'espace réel, à l'aide d'un matériau ordinaire : l'adhésif coloré ou réfléchissant. Il procède ainsi à une mise en tension du lieu d'exposition par l'image même. Modélisations de véhicules, les images vectorielles qu'il invente reproduisent les formes profilées d'un avion de ligne, d'une camionnette, d'une voiture familiale. Lors de leur conception sur ordinateur, comme lors d'une simulation, ces images sont dessinées comme des maquettes, renvoyant tant au monde du jouet qu'à celui de l'ingénierie industrielle. Agrandies et détourées sur autocollant, elles se présentent comme des logos à l'échelle de leur modèle. Comme des plans articulant sur un support bidimensionnel la silhouette d'un objet tridimensionnel. Dans son mimétisme forcené à son référent, l'image remet en cause l'espace auquel elle est pourtant destinée. Comme inappropriée, elle doit se contorsionner pour être contenue. Pliée aux angles des murs, s'étendant parfois jusqu'au plafond et/ou au sol, coupée ou tronquée par les angles des murs, elle cherche une justesse dans un lieu non dimensionné à son soudain gigantisme. Pascal Poulain met en place une stratégie plastique d'hypertrophie. Comme une application à l'objet de l'idée borgésienne d'une carte représentant un territoire à l'échelle 1 et le recouvrant donc entièrement. Le spectateur est contenu dans l'espace d'une image qui se mesure à son échelle physique. Le signe fait irruption spectaculaire dans un espace dont il chercherait à s'affranchir en l'excédant. En pratiquant une effraction dans le réel.
À chaque instant de la vie quotidienne dans la société de surconsommation, le design est omniprésent. L'alliance de la publicité et du graphisme a généré une véritable infiltration de tous les espaces visuels par l'économie. La prolifération d'images et d'objets de consommation désirables correspond à la prolifération de technologies de persuasion. Pascal Poulain met en évidence cette ambiguïté de la culture visuelle contemporaine. Plutôt que d'accepter d'en être le complice impassible, l'art ne peut aujourd'hui que pointer cette source, parmi d'autres, du malaise dans la civilisation.
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