Semi-S Mon-T In-T / THANKS
Semi-S Mon-T In-T / THANKS
Ensemble d'œuvres
Réalisé à Chelles et à Lyon en 2009
Semi-S, 2009
Exposition collective Bleu, blanc, rouge = rose
Les Églises, Chelles
Commissariat : Éric Degoutte
Semi-S est la maquette d’une maison en construction. C’est une moitié de maison qui sort du mur, l’autre moitié continue à l’extérieur.
En fait dehors, c’est sa trace au sol qui apparaît.
Semi-construite, semi-ensevelie, semi-finie. Elle annonce plusieurs temps, celui de la construction et celui de la disparition et opère entre plusieurs espaces, intérieur et extérieur, réel et imaginaire.
Maison inachevée, dont la construction semble paradoxalement commencée par le haut. En germination, elle s’élève vers d’autres échelles, d’autres territoires, d’autres vies...
Mon-T, 2009
Résidence à la Cité des Cressonnières
Commissariat : Éric Degoutte
Pendant le chantier de rénovation, des tas de terre apparaissent et disparaissent au pied de la Cité des Cressonnières. Au fur et à mesure des travaux, ils se transforment et modifient le paysage. C’est un de ces tas de terre que je transporte à l’étage du bâtiment 10. J'invite alors les enfants du quartier à « monter notre montagne » au sens propre et figuré. Entre les murs d’un appartement vidé de son vécu, le tas de terre envahit l’espace, il traverse le mur, semble passer d’une pièce à l’autre.
Ici, le geste opère un déplacement où le paysage urbain occasionnel devient l’évocation volontaire d’un paysage imaginaire par la seule affirmation de son encombrement. Ce tas évoque des montagnes lointaines, comme une résistance paisible des mémoires et des vies, dans l’attente de disparaître lors de la démolition programmée du bâtiment.
Il y a une idée de prémonition, d’annonce d’un temps à venir, celui de la démolition, de la disparition. Ce tas de terre comme un signe.
In-T, 2009
Résidence à la Cité des Cressonnières
Commissariat : Éric Degoutte
À l’étage d’un autre bâtiment, 55 étais, vissés entre le sol et le plafond, envahissent l’appartement. Ils évoquent la fragilité du bâtiment et annoncent un danger.
Pour qu’il y ait autant d’étais, c’est que l’effondrement du plafond est sans doute très probable et imminent.
La contrainte est double, les étais maintiennent l’écart entre le sol et le plafond et à la fois nous obligent à les contourner pour se déplacer. Ce maintien d’un écart entre sol et plafond est la condition même de l’existence d’un espace, et de nos vies.
La perception de l’espace est troublée par l’évocation du paysage. La multiplicité des étais compose une parcelle de forêt. Comme un labyrinthe, la forêt sort des limites du monde familier, c’est un autre monde à l’intérieur du monde. Le seuil de la forêt représente une frontière que l’on franchit à pas (im)prudents. C’est un territoire à part, immense et intime. L’inconscient collectif le dessine comme « un paysage de l’âme ».
C’est un centre d’intimité comme peuvent l’être la maison, la grotte ou la cathédrale. IN-T semble maintenir de force l’espace pour éviter un tassement destructeur.
En entrant, un groupe d’enfants a spontanément improvisé un chant et une danse entre les étais forêt, comme une espèce de rituel ancestral.
THANKS, 2009
Exposition en Résonance avec la Biennale de Lyon
Tous les 8 décembre, sur la colline de Fourvière, s’illumine l’enseigne MERCI (à Marie) visible de toute la ville de Lyon. Le projet de le remplacer par THANKS n’a pas pu se faire, faute d’autorisation.
THANKS trouve alors une autre place, au fond des docks, bâtiment Z. Ici, un tas de gravats glisse de l’extérieur à l’intérieur. Dans ce nouveau contexte, il prend une autre dimension.
À son sommet sont posées des lettres blanches, seul le H est noir. La lecture oscille entre THANKS et TANKS, entre la montagne et la ruine. Sa police de caractères est celle du Hollywood Sign. Cet immense slogan publicitaire est le symbole du désir et du rêve jusqu’en 1932, quand une jeune actrice persuadée d’avoir raté sa carrière grimpe sur la lettre H et saute dans le vide.
À partir de cet événement tragique, le Hollywood Sign incarne la métaphore d’Hollywood comme terre des rêves brisés. Quelques années plus tard, en 1949, ce même H se renverse avec le vent.
Ici, comme à Hollywood, le H, muet, s’efface et dans sa chute renverse les choses, change le sens et la perception d’un paysage qu’il commente silencieusement.