Rajak Ohanian
Né en 1933, décédé à Lyon en 2023
« Né de parents arméniens ayant émigré dans la région lyonnaise à la suite du génocide de 1915, Rajak Ohanian apprend la photographie au début des années 1950 et réalise ses premières images pour le théâtre dans le cadre de mises en scène de Roger Planchon. Il mène parallèlement un travail plus personnel, dont témoigne notamment Les Fils du vent (1958), enquête photographique sur le rassemblement gitan aux Saintes-Maries de la Mer. Sa démarche est placée sous le signe de la rencontre et de l’échange, qui donnent lieu à la réalisation de portraits exprimant le respect du photographe pour son modèle. La photographie devient le vecteur d’une complicité partagée, où tout rapport de hiérarchie entre l’artiste et son sujet est évacué. Il cherche de la sorte à humaniser le froid constat de l’enregistrement mécanique. S’il est connu pour les nombreux portraits d’écrivains, musiciens, philosophes ou artistes qu’il a fréquentés et appréciés, ses images cherchent également à rendre compte de l’état du monde à partir de situations géographiques, sociales ou économiques singulières. Il part ainsi du local et du quotidien pour aller vers l’universel. Le portrait devient l’outil esthétique permettant de remettre l’individu au centre du débat, dans une démarche proche de l’enquête sociologique qui éviterait le double écueil de la dramatisation et d’une trop grande distanciation. Qu’il s’intéresse au personnel d’une entreprise lyonnaise d’impression sur tissu, qu’il dresse le portrait du village de Sainte-Colombe ou de métropoles comme New York ou Chicago, Rajak Ohanian produit une forme de « document social » d’où émanent sagesse et sérénité. Ses œuvres récentes traduisent une évolution plus formelle, presque abstraite, à l’image des séries Métamorphoses, photographies de paysages structurées autour d’axes déformant le motif et réorganisant la circulation du regard, amenant ainsi le spectateur vers des territoires plus oniriques. » […]
Extrait de la notice de Lucille Uhlrich pour l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, avril 2012