Slimane Raïs
Né⋅e en 1964
Vit et travaille à Grenoble
« Il y a souvent dans mes œuvres la rencontre entre trois territoires. D’abord, il est question d’autobiographie ; mes œuvres partent d’un territoire : l’intime. Ensuite, il est question de mon engagement dans la cité, entendu comme fait social, fait urbain ou fait politique. C’est le territoire de l’autre. Puis vient mon dialogue incessant, parfois assourdissant, avec l’Histoire des formes (de l’art), des Hommes et des Idées. C’est le territoire de la mémoire.
Mes œuvres, qu’elles soient sculptures, vidéos, photos ou installations dialoguent avec ces trois territoires : l’intime, l’autre, la mémoire ».
Slimane Raïs
« D’interventions en interventions et de lieux en lieux, Slimane Raïs tisse un parcours singulier et passionnant. Il n’agit pas sur la matière et l’espace, la représentation picturale ou photographique. A travers des interventions mettant en jeu une rencontre, des échanges de paroles, d’objets personnels, d’histoires, de secrets, il expérimente, à partir de ce qui constitue la part la plus individuelle de chacun de nous, un nouveau lien social.
Pour délimiter sa démarche, la référence à l’esthétique relationnelle, à laquelle on attache fréquemment son travail, ne peut suffire. Pareillement, le socle conceptuel que l’artiste propose lui-même depuis 1994 et qu’il résume par le PPCM (le plus petit commun multiple) ne peut lui non plus tout à fait circonscrire une œuvre, qui, si elle a l’élégance de proposer une grande lisibilité formelle, possède une belle complexité de sens et de lectures. […]
Des troquets-troqués du quartier Berriat de Grenoble, en passant par les pour parlers d’Annecy, les portraits robots du quartier de l’abbaye, les calendriers intimes d’Yvry-sur-Seine, les pastilles de Dortmund et les cabines de séduction de Lyon, on constate que ces situations révèlent et activent la synergie qui doit pouvoir exister entre le roman personnel de l’individu et le roman collectif d’une communauté.
L’art de Slimane Raïs est bien un art qui s’inscrit dans le champ social. Il détient même un caractère politique subtil, par le maillage qu’il induit face au morcellement social qui s’accroît. Ce qui est étonnant, c’est qu’il y parvient sans agiter les problématiques collectives habituelles. Il y parvient en parlant… d’amour, de chagrin, de rêve, de peur, d’émotion, de secret, d’intimité, bref, de ce qui constitue le tremblement le plus diffus d’une vie. » […]
Extrait de Slimane Raïs, une éthique relationnelle…, Alain Livache, 2004