Awena Cozannet
Dossier mis à jour — 27/02/2025

Textes

La sculpture ouverte

Par Pauline Lisowski, Magazine Artension, 2024

Après avoir longtemps créé en résidence dans des pays lointains, Bangladesh (2003-2004), Birmanie (2004), Pakistan (2006), Chine (2012-2013), Awena Cozannet installe son atelier à Romans-sur-Isère.
Ses expériences à l’étranger l’ont incitée à s’interroger au contexte politique, économique et sociétal. Celles-ci ont alors orienté sa démarche vers l’autre et la qualité de nos liens. Ses premières œuvres, sculptures, photographies de ses interventions dans le paysage, ont pour origine des références à des histoires collectives, à la mythologie, à la transmission de gestes. Les matériaux qu’elle récupère l’amènent à des associations. Ils portent en eux la mémoire d’usages, de transformations, de déplacements. En travaillant la matière, elle fait émerger du mouvement, la vie…

La figure du porteur est au cœur de sa démarche artistique. Ses sculptures incarnent la possibilité d’être portée sur le corps, d’aller vers l’autre. Ce qu’on porte avec soi, ce que le paysage transporte, la vie qu’on porte… ces interrogations nourrissent sa pratique. « Il faut que mes sculptures soient souples et portables afin qu’elles évoquent la présence du corps dans l’espace. » me livre Awena. En effet, leurs formes organiques font écho à la liane. Comme cet être vivant, ses œuvres s’ancrent au sol en se prêtant aux interactions avec les autres figures ou avec le regardeur.

Awena travaille la sculpture et le dessin en parallèle. Ses dessins, d’un geste d’une grande vitalité expriment des mouvements et la quête d’une intériorité. Ils suggèrent des tentatives de résister, de tracer son chemin. L’artiste affirme d’ailleurs « le dessin est un espace libre, un terrain de recherche à part entière dans lequel je projette le corps dans des formes, des matières, des couleurs. » Dans l’intimité de l’atelier, elle approche peu à peu les matériaux dont elle dispose, les modèle, coud, attache, tord, rembourre et les formalise. Ses œuvres naissent au fur et à mesure de gestes d’assemblage d’éléments manufacturés, des sangles, des cordes, des chaînes, des crochets, des gilets de sauvetage. Le contexte de l’actualité est pour elle déclencheur et moteur. Dans la série des « sculptures de verbes » (Longer les racines, 2015, Creuser la terre, 2015, Persister, 2020, Tenir, 2022), fourches et lames de métal, outils de travail, associés à des fragments de béton et à des cordes cousues à la main les unes aux autres, évoquent à la fois une certaine puissance et une tentative de constituer une installation de sculptures, un paysage, à échelle humaine.  

En 2020, Awena revisita la figure de L’homme qui marche, une œuvre qui marque son parcours artistique. « Je vois nos vies comme des trajets » affirme-t-elle.

Récemment, sa sculpture La Marée a pour point de départ un fragment de barque. Un dessin a déclenché ce projet de sculpture, lui-même à l’origine d’une série de dessins de recherches. « La Marée évoque symboliquement une récolte potentielle, prolifique, dramatique. Il s’agit d’une figure symbolique à la double lecture » précise Awena. 

De nouvelles pistes de recherches émanent de sa collaboration avec la chorégraphe Caroline Grosjean de la compagnie Pièces détachées, pour une création intitulée Parades et métamorphoses. Awena s’intéresse alors aux formes animales issues des abysses, organismes larvaires microscopiques et complexes, à l’origine du mouvement dans le geste de la danse.

En 2023, durant sa résidence à la Maison forte de Hautetour à Saint-Gervais-les-Bains, elle s’est intéressée à la figure locale et traditionnelle du colporteur. De ses recherches sont nées des sculptures et des performances collectives. En 2024, Awena prolongera son projet Force motrice à Vallauris dans le cadre d’une résidence et d’une exposition à venir au musée Picasso. Pour se faire, elle réalisera une marche photographique et performative aux bords de la Méditerranée, mer frontière entre deux continents, témoin d’échanges, de traversées et de disparitions tragiques. Ses œuvres prendront place dans la chapelle de l’engagement où Picasso installa La Guerre et la Paix, en 1954. La couleur verte s’est imposée à Awena dans le paysage enneigé, telle la couleur absente du paysage, la couleur annonciatrice du printemps et du renouvellement. Ainsi, Awena accorde du temps aux matières qu’elle travaille, noue des relations à partir de gestes lents et d’expériences sur le terrain. Ce sont ces moments qui la relient à la valeur des choses. Ses œuvres organiques génèrent de possibles relations et transportent la mémoire de faits, de déplacements… Elles expriment la force d’avancer dans son chemin de vie, l’existence, la volonté de tenir bon.

Corps en présence

Par Laurence d'Ist, Le Quotidien de l'Art, 2023

Chemin faisant

Par Pauline Boucharlat, Semaine n°464, éditions Immédiats, 2023

Porter son "dire"

Par Virginie Gautier
Catalogue de l'exposition Coton et dissonances artistiques, Musée du textile de Cholet, 2021

Quel courage a soudain germé sous le granite

Par Odile Crespy, 2017

Tenir le fil

Par Jean-Louis Roux
Tenir le fil, monographie, coédition Galerie Françoise Besson & éditions jannink, 2014

Le corps relatif d'Awena Cozannet

Par Frédérique Verlinden
Tenir le fil, monographie, coédition Galerie Françoise Besson & éditions jannink, 2014