Awena Cozannet
Dossier mis à jour — 27/02/2025

Textes

La sculpture ouverte

Par Pauline Lisowski, Magazine Artension, 2024

Corps en présence

Par Laurence d'Ist, Le Quotidien de l'Art, 2023

Chemin faisant

Par Pauline Boucharlat, Semaine n°464, éditions Immédiats, 2023

Porter son "dire"

Par Virginie Gautier
Catalogue de l'exposition Coton et dissonances artistiques, Musée du textile de Cholet, 2021

Quel courage a soudain germé sous le granite

Par Odile Crespy, 2017

Tenir le fil

Par Jean-Louis Roux
Tenir le fil, monographie, coédition Galerie Françoise Besson & éditions jannink, 2014

Le corps relatif d'Awena Cozannet

Par Frédérique Verlinden
Tenir le fil, monographie, coédition Galerie Françoise Besson & éditions jannink, 2014

Awena Cozannet a choisi le dialogue entre le monde de l’art et celui du corps comme un vecteur de rencontres, un support de création, un objet de collaborations et d’influences.

Où est le corps d’Awena ? Est-il dédoublé, amplifié, incarné ? Qu’est-ce que ce corps si frêle ? Est-ce une idée qui devient une réalité ? Est-ce un média pour être au monde et en partager les sensations ? Le corps est une curiosité, une matière plastique, une forme, un support. Awena en fait le prétexte à évènements qu’elle prépare minutieusement pour que la spontanéité soit au rendez-vous. La vie est un kit. Il faut continuellement en inventer et en bricoler la matière première. Il importe de trouver des combinaisons, des agencements pour qu’entre vivre et soi se dessine une présence, un destin, une personne, une preuve d’existence.

Le corps paré est un activateur, pas un souvenir, pas une vision. C’est un trait d’union où les émotions sont tour à tour cousues ensemble. C’est un lieu du semblable et de la différence qui matérialise les particularités, les individualités, pour permettre de trouver ce qui leur est commun. Véritable champ d’investigation, le corps d’Awena Cozannet convoque l’unanimité d’un groupe. Il s’impose à nous dans un jeu de cache-cache où il apparaît fugace. La parure et la déambulation en font un support d’échanges. La performance est le temps privilégié choisi. Elle est destinée à fédérer la rencontre avec l’autre, les autres. L’ambiguïté d’Awena est d’affirmer sa personnalité en s’effaçant. Elle redessine sa silhouette menue en la couvrant de créations textiles. Ainsi redéfinie, ensevelie parfois, toujours transformée, elle est servie par l’omniprésence d’un effet troublant et déconcertant où la réalité et la virtualité, l’individualité et la collectivité fusionnent. À chaque création, Awena reconsidère la place et le positionnement de son corps. Elle en questionne les limites, les cache, les étend pour atteindre l’autre, pour faire participer le spectateur. Elle se met en scène sans provocation ni violence. Elle crée des rituels où tout un chacun a rendez-vous avec lui-même pour se redécouvrir. Awena plonge dans l’inconnu des autres, dépasse les limites de son apparence, se pare pour en souligner la singularité, la force et les ressentis. Cette mutation du corps en média nous interpelle sur le relationnel, l’acceptation, la différence. Sans discontinuer, Awena diversifie ses parures et sa démarche artistique. Ici, il n’est pas question de sang, de muscle, d’organes mais de peau, de texture, d’hybridation, de chairs vêtues, d’humanité sans âge et jamais étrangère à elle-même.

Le corps d’Awena Cozannet est un accessoire pour endosser toutes sortes de formes et de métamorphoses, pour s’expérimenter de façon ludique avec un cérémonial mouvant. Le corps fait partie intégrante d’une mise au monde. Awena semble suspendre la matérialité de son être au gré des situations, des visages croisés et des espaces qu’elle parcourt. Pour cela, elle s’appuie sur ses idées, sur ses rêves, sur une créativité incarnée, sur son désir de dialogue et de regroupement. Awena se met en congé d’elle-même. Elle endosse une carapace et des structures qui lui imposent un rapport au monde, modifient ses perceptions et déterminent ses attitudes afin que les personnes rencontrées soient en capacité, à leur tour, de modifier leur monde. Le voyage vers ceux qui ont gardé des traditions vives nourrit son approche artistique. Le va-et-vient entre elle et les autres, entre un ici et un ailleurs, rendent précaire toute posture. C’est au-dedans, à l’intérieur de ces accessoires de disparition et d’apparition, au cœur de cette peau organique qu’elle se fabrique, qu’elle découvre des nouvelles formes aux mouvances portées à même le corps.

Awena surligne son être et le met à plat. Elle révèle avec discrétion et surprise une part d’elle. Cette présence convoque le provisoire. Le corps devient sujet, incarnation, miroir, vertige de soi. Chaque création invite chacun à rentrer en lui-même. Chaque performance contribue à la construction d’un groupe éphémère. Chaque rencontre est un moment festif. Adhérer à soi, faire corps, c’est rendre visible sa vie.