Bruno Yvonnet
Dossier mis à jour — 02/05/2022

Textes

BOUM

Par Françoise Lonardoni
Présentation de la série Boum, Bibliothèque du 3e arrondissement, Lyon, 2013

La peinture de Bruno Yvonnet, en général figurative, nous oriente pourtant vers d'autres préoccupations que le sujet représenté. Portraits, vagues, ou vanités cachent en fait une question esthétique, picturale, ou même sociale qui est le véritable objet de sa peinture.

La technique utilisée découle aussi de ce sujet. Elle est de ce fait variable, et peut devenir un élément du sens, ou même un motif perturbateur : les figures peintes sur du placo-plâtre (série Et in Arcadia ego) sont faites à base de goudron, dont le bitume fera disparaître progressivement l'image. Il en va de même pour d'autres séries reprenant l'imagerie des romans-photos ou le motif du baiser.

D'autres travaux de Bruno Yvonnet reprennent les poncifs de l'image, ou ceux de l'histoire de la peinture, à travers une étude poussée de la composition, et de ses stéréotypes. D'autres encore sont indexés sur les calculs de probabilité d'un futur referendum (réunification de Chypre) ou étudient les affaires de style : la série de portraits Vaillants reprend le genre héroïque, dans la diversité historique de ses apparitions (Dovjenko ou Riefensthal, mais aussi le Renoir du film À nous la liberté) et révèle l'ambiguïté de cette emphase.

Le travail de Bruno Yvonnet est donc plus analytique que figuratif ; il met au jour les fonctions décoratives ou iconographiques de la peinture, la pousse jusqu'à l'absurde, et par là, active un potentiel métaphorique.

L'exposition Boum, tirée des collections de l'artothèque, présente une série de gravures tout aussi riches en significations induites. Bruno Yvonnet a d'abord récolté des photos d'explosions sur internet, afin de les transposer à la gravure sur linoleum : ce procédé, proche de la gravure sur bois inventée au XVIème siècle, nécessite le travail de la main, la pression de l'outil sur la matière, et appartient au régime archaïque de l'empreinte. Il est ici mis paradoxalement au service d'images traversées par la vitesse, la mondialisation, la diffusion instantanée à l'échelle de la planète. L'artiste a resserré sa palette à trois couleurs, (rouge noir blanc) et a travaillé sa plaque avec une fraise, avant de la découper  par le contour afin d'obtenir un sujet centré et isolé. Il nous donne au final une série d'explosions "lentes et contrôlées", harmonisées par les couleurs et les dimensions, en un mot domestiquées, valorisant ainsi les inadaptations et anachronismes de son procédé.

Texte de Marie Lapalus

Catalogue Ô saisons, ô châteaux, Musée des Ursulines, Mâcon, 1999

Texte de Catherine Grout

Catalogue Bruno Yvonnet 1989-1991, Les cahiers du regard, 1992

LES PONCIFS

Par Hubert Besacier
In Arte Factum, septembre - octobre 1991