Julien Guinand
Dossier mis à jour — 24/09/2024
2015-2018 (sélection) Photographies couleur, dimensions variables
Dans les montagnes de Kumano et d'Ashio, au Japon, l'intervention humaine — la culture forestière intensive, l'exploitation minière — a déclenché des processus mortifères à l'échelle du territoire, qui ont généré à la fois une fuite en avant technologique, des réponses locales et une prise de conscience écologique.
Initié alors qu'il était résident à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2017, ce travail photographique documente la fabrication et la destruction du paysage dans le Japon contemporain. Julien Guinand a concentré son travail sur deux chaînes de montagnes au Japon : les monts Kii, dans la péninsule du même nom, impactés par l'exploitation forestière et les monts Ashio, au nord de Tokyo, impactés par l'exploitation minière intensive.
Ce travail a fait l'objet d'un livre publié par Hatje Cantz Verlag en avril 2021 avec des textes de l'historien de l'art Jean-François Chevrier, du philosophe Hidetaka Ishida - qui est le traducteur japonais de Michel Foucault - et du physicien Jean-Christophe Valmalette, spécialiste du Japon. Il a bénéficié du soutien de la commission mécénat de La Fondation des Artistes en 2018. • Lire l'intégralité de la discussion à propos de Two Mountains
Ouvrage sabō à Hongu, Tanabe ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2015. Réalisé par deux entreprises locales de mars 2012 à décembre 2013, grâce au financement de la préfecture de Wakayama et du ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme.
Vue d'un ouvrage sabō à Kumanogawasho ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Vue d'un ouvrage sabō à Kumanogawasho ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Ouvrage sabō le long de la rivière Kumano, hameau de Kiwachowake, Kumano ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2015. Ouvrage réalisé en 2011 à la suite du passage du typhon Talas par la société publique Japan Society of Erosion Control Engineering (Sabō Gakkai.)
La rivière Watarase arrivant à Sano ; préfecture de Tochigi, 2018.
L'embouchure du fleuve Kumano, Shingū ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Église baptiste de Nachikatsuura ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Ouvrage sabō à Wakayama ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Effigie du dieu de la prospérité devant une usine de production de béton à Shingū ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017. Le panneau, posé à l'occasion du trentième anniversaire de la société créée en avril 1966, remercie la divinité pour la bonne marche de ses affaires.
Vue des anciennes habitations des ouvriers de la mine Furukawa depuis le temple Ryuzo-ji, avec, à l'arrière-plan, une des cheminées de la raffinerie qui était implantée sur l'autre berge de la rivière Matsuki ; Matsuki, commune d'Ashio, préfecture de Tochigi, 2018. Construites par la société Furukuwa il y a plus d'un siècle, ces petites maisons abritaient encore 377 personnes lors de la fermeture de la mine en 1973. Aujourd'hui, seules quelques familles continuent d'y vivre. Le petit village de Matsuki, situé à quelques kilomètres en amont de la raffinerie, fut pendant des années si intensément exposé aux fumées toxiques (dioxyde de soufre, arsenic) et aux pluies acides que les habitants durent l'abandonner. Il fut complètement démoli en 1902. Aujourd'hui encore, cette zone est en grande partie stérile.
Vue du village de Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Bâtiments des fonderies Furukawa à Ashio ; préfecture de Tochigi, 2018. À l'arrière-plan, le mont Bizendate. Après la fermeture de la mine, en 1973, le groupe Furukawa a conservé sur le site les activités de fonderie et de raffinage du cuivre.
Ouvrage sabō à Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Vue de la rivière Amano et du hameau d'Otosho Tsujido, Gojō ; préfecture de Nara, 2017. Le hameau est situé au débouché du ruisseau Kajiya, qui se transforme en torrent lors de pluies importantes. En septembre 2011, comme déjà en 1889, un glissement de terrain a emporté des maisons et la route située en contrebas. La trame d'un petit ouvrage sabō ancien est visible sur la pente entre le hameau et la berge de la rivière Amano. En 2012, la construction le long du cours de Kajiya d'un important ouvrage (en chantier, partiellement visible sur l'image) a été confiée à l'entreprise Hinokio Construction.
Ouvrage sabō à Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Accès par le nord au hameau de Tsubonouchi, village de Tenkawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Un tapis à l'entrée d'un potager, Tenkawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Yoko Tsuzuki et ses parents ; Ashio, préfecture de Tochigi, 2018.
Petit barrage, maison de Kiichirou Kadotani, maire du village de Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Cyprès, Shingū ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Cyprès, Shingū ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Le poste de police de Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Pont suspendu sur la rivière Amano ; à l'arrière-plan, une pente dénudée par un glissement de terrain en septembre 2011, à Otocho Ui, commune de Gojō, préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017. Ce glissement d'un pan long de 270 m, représentant 1,6 million de m3 de sédiments, a coupé la route située en contrebas, enseveli la rivière et recouvert un hameau ; sept personnes ont perdu la vie et quatre ont été portées disparues.
Ouvrage d'évacuation des eaux pluviales passant sous la route, hameau de Kuwahata, village de Totsukawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Vue des montagnes de la région de Koyasan depuis la route 371, qui relie au nord de la péninsule le complexe monastique de Koyasan ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Vue depuis Ashio de la rivière Kuzo, à la confluence avec les rivières Matsuki et Nitamoto ; préfecture de Tochigi, 2018. Sur les berges de la rivière, des bâtiments provisoires abritent les bureaux d'entreprises de construction, le temps des travaux qu'elles réalisent pour le ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme.
Tournesols, Sano ; préfecture de Tochigi, 2018.
Vue de Gojō, préfecture de Nara, dans le nord de la péninsule de Kii, 2017. Au centre de l'image, une partie du pont de la ligne de chemin de fer Goshinsen, dont la construction a été interrompue, en 1959, avant la traversée du fleuve Kii, et l'entrepôt d'une entreprise de construction identifiée par l'inscription peinte sur le mur : « Kanda Construction Co., Ltd. ».
Un jardin à Nachikatsuura ; préfecture de Wayakama, péninsule de Kii, 2017.
Site de l'affrontement du 13 février 1900 entre les mineurs d'Ashio et la police, au lieu-dit de Kawamata (actuellement Meiwa) ; préfecture de Gunma, 2018.
Ryuji Niwata posant dans le jardin de sa maison au côté du lys sacré du Japon qui figure sur la photographie prise le lendemain de la mort de Shōzō Tanaka en septembre 1913 ; Sano, préfecture Tochigi, 2018. Ryuji Niwata est décédé le 31 janvier 2019, à l'âge de 84 ans.
Ornement de bord de route à Nosegawa ; préfecture de Nara, pénsinsule de Kii, 2017. Les bâtiments à l'arrière-plan sont ceux d'une entreprise de travaux publics, d'un entrepôt et d'un foyer pour personnes âgées.
Fumée, Tenkawa ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Fumée, Tenkawa ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Fumée, Tenkawa ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Cyprès, péninsule de Kii, 2017.
Carte du territoire de Kishū (Goryuku no Zu ), par Seijiro Fujimoto, 1869. Peinture sur papier, 358 x 385 cm (vue partielle). Bibliothèque de l'université de Wakayama, préfecture de Nara.
Versant planté de sugi éboulé en 2011 lors du passage du typhon Talas, Tanabe ; préfecture de Wakayama, péninsule de Kii, 2017.
Trompe-l'œil réalisé en 1907 par les ouvriers de la mine Furukawa, à Ashio, pour l'arrivée du nouveau président du groupe Furukawa, Toranosuke Furukawa (1887-1940), fils du fondateur, dont le prénom signifie « tigre ». Un second trompe-l'œil représentant le mont Fuji avait été réalisé à côté du tigre, en l'honneur de l'épouse du jeune homme, prénommée Fujiko. Photographie conservée au musée d'histoire d'Ashio.
Datation d'une statue de Bishamonten dans le temple Seikyu-ji par koki Yamagishi, historien d'art, spécialiste d'art japonais et oriental à l'université de nara, Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017. Bishamonten est l'une des sept « divinités du bonheur » du panthéon bouddhiste. Il proège les guerriers, la loi bouddhique et la prospérité.
Pierre de chalcopyrite provenant des mines de cuivre d'Ashio, photographie d'Alain R. Truong.
Kaoru Shimano, directeur du musée Shōzō Tanaka, et Yoko Tsuzuki, native d'Ashio et salariée de l'association de reboisement Ashiomidori (« reverdir Ashio »), devant le monument qu'ils ont érigé à la mémoire de Shōzō Tanaka (1841-1913), à Sano ; préfecture de Tochigi, 2018. Inauguré le 6 août 2017 par Ryuji Niwata, le petit monument se trouve tout près du temple zen Unryū-ji, qui fut le siège du mouvement d'opposition à la mine de cuivre d'Ashio.
Hanako Masumoto, après la préparation du repas pour la fête du village dans le local communal de Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Maison Shôzô Tanaka, Sano ; préfecture de Tochigi, 2017.
Vue de Sano ; préfecture de Tochigi, 2018.
Vue d’Ashio ; préfecture de Tochigi, 2018.
Les rizières Watarase, le centre de traitement des eaux de Kiryū et les montagnes d'Ashio au loin, vus depuis le barrage d'ota, préfecture de Gunma, 2018. Le barrage d'Ota a été construit en 1979 sur la rivière Watarase pour fournir un approvisionnement stable en eau agricole aux 6 600 ha de rizières alentour.
Barrage de Kusaki sur la rivière Watarase, Midori ; préfecture de Gunma, 2018.
La rivière Matsuki à Ashio ; préfecture de Tochigi, 2018.
Fusayo Nishimoto dans son potager, Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Chemin montant, Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017. À l'arrière-plan, l'orée de la forêt de sugi et un ouvrage sabō .
Lit de la rivière Kitama, Nosegawa ; préfecture de Nara, 2017.
Hameau à l’entrée du village de Tenkawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
La rivière Amano à sa confluence avec un ruisseau venant des montagnes, hameau d’Otocho Tsujido ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Vue du hameau de Tsubonouchi, village de Tenkawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
La route en lacets ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017.
Témoignage de Sadako Bessho, Nosegawa ; préfecture de Nara, péninsule de Kii, 2017. Durée : 15'
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
Vue d'exposition, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2022
Photo : © Blaise Adilon
—
• Voir un aperçu de la monographie Two Mountains , publiée aux éditions Hatje Cantz Verlag (Berlin), 2021 • Lire L'assassinat des montagnes , texte de Fabien Ribery, publié sur le site L’intervalle, mai 2023 • Lire le texte de Danièle Méaux , extrait de son livre Photographie contemporaine & anthropocène , Filigranes Éditions, 2022 • Lire Deux Japons , article d’Adrien Malcor, publié dans le journal Quinzaine, juillet 2022 (extrait) • Lire l'article d'Anne Bertrand , publié dans le magazine Art press, janvier 2022 • Lire l'article de Jean-Paul Robert , publié dans la revue D'Architectures, juillet 2019