Série de photographies argentiques couleur moyen format, tirages jet d’encre, 35 x 28 cm
Cette série de photographies des anciens camps de Roms des agglomérations lyonnaise, stéphanoise, marseillaise et parisienne, est d’abord un constat de leur position géographique dans la ville, de la précarité de leur subsistance. La légende date et localise les emplacements des anciens camps. Puis il s’agit d’interroger ces espaces, temporairement non maîtrisés par les autorités publiques qui réaffirment leur pouvoir sur eux par l’expulsion des occupants illégaux. Ces espaces sont considérés inhabitables, soit par leur insalubrité, soit par leur absence de viabilité et l’occupation des Roms contredit cette inaptitude à être habités. L’installation des familles est révélatrice de ces espaces qui répondent à leur besoin d’être à proximité des centres urbains nourriciers (mendicité, recyclage, poubelles, associations de solidarité).
Ma démarche se situe dans l’après-coup. Parfois la découverte d’un camp sépare de plusieurs années l’évacuation, parfois une journée à peine après je suis sur les lieux. Il n’y a plus rien à voir de ce qui faisait l’actualité. De nouveaux paysages, imaginés de toutes pièces par les municipalités et services de sécurité fracturent le paysage. Face à l’image, l’imaginaire et le fantasme se déploient par le « ce qu’il y a eu » dans l’actualité, pourtant c’est à l’échelle de l’histoire que semblent faire écho ces paysages, ceux d’une guerre qui colle à la peau alors que les corps ont disparu.