Slimane Raïs
Dossier mis à jour — 08/09/2016

Textes

Entretien avec l'artiste

Par Audrey Mascina, extrait de In the arab word... Now de Jérôme Sens, Éditions Enrico Navarra, 2008

Slimane Raïs n'aime pas que l'on dise qu'il fait de l'esthétique relationnelle

Par Arnaud Stinès, directeur de l'espace d'art contemporain Rurart
In Le jardin des délices, Éditions Rurart, 2006

Les espaces polyglottes de Slimane Raïs

Par Daphné Le Sergent, extrait de www.lacritique.org, 2006

[...] Ainsi, la notion d'espace, chez Slimane Raïs, est-elle explorée sous la forme d'un espace de résonances. La voix le traverse de part en part, et abolit la distance. Les oeuvres sont pareilles à des cabines, abris, refuges, grottes, cabanes dont les parois seraient mitoyennes à autrui et à soi. C'est pourquoi, il faut se méfier des mots, de ceux qui présentent un travail artistique dans une vocation sociale : Slimane Raïs présenté à l'écoute désintéressée de l'autre ; l'art sociologique des années 70, veillant à la prise de conscience du public face à un environnement médiatique selon certains discours de Fred Forest ; l'esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud réunissant des oeuvres censées agir en tant que cohésion sociale. Les mots, s'ils ont chez Slimane Raïs la fulgurance du contact avec autrui, peuvent avoir sur la page blanche la dangereuse tentation de nous faire voir ce qui n'existe pas.

Rappelons-nous l'expérience de Joseph Beuys, accident d'avion durant la seconde Guerre mondiale depuis lequel l'artiste se crut mort. Recueilli par des paysans Tatars, il fut enveloppé dans une couverture de feutre, résistant à la disparition par la force de sa propre chaleur. Désormais, pour Beuys, l'acte artistique devait se rapprocher de la mystérieuse puissance chamaniste : identifier dans le corps de l'autre les points de douleur, se les approprier afin de localiser les pôles de tension, puis revenir à l'autre avec une image dont les termes en sont le dénouement. Ce qui frappe, dans son oeuvre, ce n'est pas une guérison à laquelle on ne croit guère : l'ambulance qui l'emmène à la galerie René Block (New York), pour la performance I like America and America likes me (1974), n'est que le transport d'une métaphore cherchant dans la rencontre entre un homme et un coyote une réconciliation possible entre nature et culture en nous. Ce qui frappe, donc, est le nouveau statut donné à l'image. Elle n'est plus l'indice du réel, ni comparable au jeu formel de l'abstraction, ou encore moins le prétexte à une conceptualisation. Elle possède la force évocatrice du symbole. L'image artistique y est le signe d'un monde que l'on souhaiterait meilleur et on cherche secrètement à rallier l'autre à son appel. La tendance sociologique de l'art est comparable à une bannière jetée au vent qui propose à chaque nouvelle oeuvre l'espoir d'une communauté. Puisque le réel a perdu cette force de catalyseur et que le beau n'a d'universel que l'habitude des regards, alors il revient à l'artiste de chercher dans la question du bien un possible renversement à l'irréversible éparpillement des consciences. Point n'est besoin d'envisager l'oeuvre par rapport à la réalisation de son objectif, l'artiste de l'esthétique relationnelle ne se transforme jamais en assistante sociale : toutes les vocations sociologiques de l'art trouvent toujours leur aboutissement dans un lieu d'exposition. Considérons juste que la notion d'objet cristallise aujourd'hui comme une méfiance envers la marchandise. Alors on privilégie la relation. Et, si les liens font sens, alors leur formalisation et la forme n'en sont jamais exclues. Il s'agit d'un mot, d'une phrase, d'un espace qui nous invite à un singulier voyage à la manière des oeuvres de Slimane Raïs.

Slimane Raïs, Une éthique relationnelle

Par Alain Livache, 2004