Perrine Lacroix
Dossier mis à jour — 25/09/2023

Textes

Les Échappées

Texte d'Emmanuelle Lequeux
Les Échappées, monographie de l'artiste, 2016

Les histoires tragiques de Perrine Lacroix

Texte d'Emmanuelle Lequeux
Le Quotidien de l'Art, numéro 633, 2014

Entre-deux eaux, mi-fugue mi-raison, les œuvres de Perrine Lacroix semblent ne pouvoir choisir entre deux états. Tout, dans les installations de la jeune artiste lyonnaise qui a été montrée au Salon de Montrouge en 2009, joue de la migration, oscille, s’incline, s’essouffle et reprend vie, hésite entre l’apparition et la disparition.

Les corps sous linceul se font déjà paysage. Les squelettes de maisons arrêtées dans la course de leur construction sont comme elle les appelle "Châteaux en Espagne", jamais finis et
déjà ruines. Les ballons qu’elle recueille dans l’ancienne prison Saint-Paul de Lyon, elle les métamorphose en mappemondes, mais vierges de toute terre où s’échapper. Les dizaines d’étais qu’elle pose dans un HLM abandonné de Chelles prédisent le danger de l’effondrement, en même temps qu’ils le préviennent. La montagne de gravats qu’elle pose à côté semble traverser le mur, ou est-ce lui qui la traverse ? En tout cas, la matière a choisi de migrer, mais a été bloquée à mi-chemin dans sa fuite. Travaillant au corps les architectures dans lesquelles elle est invitée à intervenir, Perrine Lacroix, qui codirige aussi la BF15 de Lyon, fait voir leurs failles, leurs fantômes, en une « archéologie du présent ». Les murs ont une âme, et c’est par cette faille, parfois, qu’on peut les traverser. Ou pas. Elle a ainsi réalisé un mur de briques fracturé, comme un humble moucharabieh, en hommage à ces six Égyptiens et Tunisiens qui, en 2012, ont trouvé la mort dans l’incendie d’un squat de Pantin dont, au moment du drame, ils n’ont su retrouver le trou qui leur avait permis d’y pénétrer. « J’ai été très touchée par cette histoire, raconte- t-elle, car ces immigrés avaient trouvé un espace de promesse, et le feu les a reconditionnés dans leur état premier. Ils se sont échappés vers leur liberté et cette liberté les a brûlés ». C’est une fuite tout aussi tragique qu’elle évoque dans son œuvre Mauer : celle d’un Allemand de l’Est qui tente en mars 1989 d’échapper à la dictature en bricolant une montgolfière. Le pauvre ballon s’est bien envolé, mais son malheureux passager s’est retrouvé pris dans une spirale d’air qui l’a mené à 2 000 mètres d’altitude, avant qu’il ne s’écrase. En parabole de ce fantôme, l’artiste a installé dans un centre d’art de Bonn, en Allemagne, un simple voile de plastique léger, qui s’envolait, gonflait et se dégonflait au gré de la brise, une intense fragilité dont témoigne aujourd’hui une très belle vidéo.

Toujours, chez elle, il s’agit d’hétérotopie, ce concept forgé par Foucault d’espace autre, mental, où vient se nicher l’imaginaire et l’utopie. Mais toujours, aussi, l’actualité politique et sociale nourrit son inspiration, sans jamais qu’elle ne l’illustre sottement. Dans son travail, il n’est pas que les formes migrent ; les hommes aussi, parfois hélas. Lors d’une résidence en Algérie, elle a ainsi rencontré Razika, femme au terrible destin. "Ses parents ont été assassinés lors de ce qu’elle appelle la guerre de France, et son oncle l’a mariée à un homme qui avait vingt ans de plus qu’elle, et qu’elle appelait monsieur", explique l’artiste. Un mois après ce mariage arrangé, il part en France pour trente ans. Et l’abandonne à son foyer, tout en lui faisant 14 enfants. Au fil de nombreuses rencontres, Perrine Lacroix est parvenue à recueillir son témoignage. Une femme à mi-chemin, elle aussi, entre la renonciation et le combat.

Le silence à l'œuvre

Texte de Daphné Le Sergent
Revue Laura, numéro 15, 2013

Aimer n'est pas voir

Texte de Julien Mijangos, 2012

Paysages d'une absence

Texte de Marie de Brugerolle
À l'occasion du 54e Salon de Montrouge, 2009

Terrains vagues

Texte d'Audrey Illouz, 2010