Anne Marie Rognon
Updated — 03/05/2022

Texts

Fausse piste

Par Camille Fallen, 2020

Anne Marie Rognon ou le quotidien extraordinaire

Par Clémentine Paré, 2018

La partie continue

Par Frédéric Emprou, 2008

Anne Marie Rognon manie le dérisoire avec une placidité impeccable et un humour limpide. Par le biais d'assemblages rudimentaires, une esthétique de la miniature et de la pacotille, l'artiste entreprend un travail se déplaçant entre la peinture, l'installation ainsi que la vidéo.

À l'aide d'un pop de seconde main, de couleurs vives, de contours naïfs et flashy, Anne Marie Rognon déploie un imaginaire irrésistible alliant simplicité goguenarde et poésie exquise. Ses slogans et jeux de mots témoignent d'un mauvais esprit ravageur, tout en n'apparaissant cependant que par sous-entendus allusifs ou connotations légères. Entre premier degré confondant et clins d'œil rafraîchissants, une des caractéristiques de ce travail réside en une certaine liberté de ton, une énergie forte et fragile.

À l'aune de la société moderne de consommation et de l'univers du supermarché et des télécommunications, l'artiste donne à voir un bric à brac séduisant qui va de la scène de genre en trois dimensions, à la représentation sous des traits fluos d'éléments issus de la banalité.

Ses installations se distinguent par la mise en présence d'accessoires glanés dans le quotidien, tel que le fil à linge, les bottes en plastique, le tricot... Une des dernières séries d'acryliques de l'artiste s'est constituée à partir du motif de la table de tennis de table et de la partie à jouer. Ping pong entre œuvre picturale et installation d'objets dans l'espace, Anne Marie Rognon n'hésite pas à peindre sur des raquettes de tennis.

Détournements intempestifs à l'égard de l'objet plastique, rapports d'échelles inédits et combinatoires imprévues de matériels variés, celle-ci ne recule pas non plus devant la minutie et la précision de l'effet recherché. L'une de ses pièces intitulée On solde mais c'est plus cher, consiste notamment en la reconstitution d'un rayon de grand magasin, les cintres portant des dessins de l'artiste d'habits sur papier.

Sans complexe, Anne Marie Rognon joue sous tous les tableaux avec doigté et sans jamais forcer la chose.

On pensera à sa vidéo, sorte de variation sur le même thème, où elle plaisante tranquillement à propos de son patronyme : « ... ce n'est pas un nom d'artiste. » Ou à cette autre vidéo, dans laquelle elle dit à la façon d'une diva discrète et fausse nonchalante, « ... moi, je suis là ».

Elle a raison Rognon (AM)

Par Jean-Paul Fargier, 2001
Publié aux éditions du CAP-Centre d'arts plastiques de Saint-Fons